KOWALSKI PIOTR (1927-2004)
L'intervention dans l'espace public
Le travail de Kowalski a pris place dans l'espace public. Ainsi, près de Paris, la Défense lui doit La Place des degrés (1987-1989) qui traite comme un ensemble trois niveaux le jour grâce à des marqueurs géométriques et la nuit grâce à des lignes lumineuses. L'utopie de l'escalier vivant où s'élève une vague de pierre met en scène la vibration du mouvement de la foule des villes comme l'avait fait en son temps le futuriste Boccioni dans son célèbre tableau la Ville qui monte. L'artiste est également intervenu sur l'escalier monumental (1992) qui va vers la place du Dôme. Au lieu des sempiternelles sculptures de type « ville nouvelle », l'artiste propose une utopie construite sur des projets de connaissance. Tels auraient été sa vision de l'espace des Halles à Paris conçu comme un Luna Park scientifique avec pendule de Foucault, serre et lieux d'expérimentation, ou son monument pour le xxie siècle à Kōbe au Japon, La Montagne des dix mille pixels (1987-1989), fragmentation inouïe d'une montagne en bassins d'eau qui à distance auraient ressemblé à un écran divisé en pixels. Tels furent l'Axe de la Terre (Champs-sur-Marne, 1992), la Porte céleste (Saint-Quentin-en-Yvelines, 1991) et la Balise calendaire à Échirolles, près de Grenoble (1992). Un film réalisé par Gisèle et Luc Meichler (In situ Kowalski, 1993) en rend remarquablement compte.
La curiosité de Piotr Kowalski, qui aime discuter avec les poètes et les philosophes (Félix Guattari, Jean-Christophe Bailly), s'éveille, à l'instar de celle de Duchamp ou de Léonard de Vinci, non pas aux moyens nouveaux mais aux questions que ces moyens nouveaux permettent de poser autrement et peut-être de résoudre en partie. La beauté du problème requiert l'intelligence du moyen. N'est-ce pas ce que Heidegger suggérait quand il écrivait dans son essai La Question de la technique en 1954 : « L'essence de la technique n'a rien de technique », conseillant d'interroger ce que nous dit l'art de l'essence de la technique ?
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Écrit par
- Thierry DUFRÊNE : professeur d'histoire de l'art contemporain à l'université de Paris-X-Nanterre
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