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SLONIMSKI PIOTR (1922-2009)

Scientifique de renommée internationale pour ses travaux sur l'hérédité mitochondriale et sur les génomes, Piotr Slonimski s'est éteint à Paris le 25 avril 2009. Il a inspiré des générations d'étudiants et de chercheurs et joué un rôle très important dans le développement de la génétique et de la génomique en France. Il a été l'un des pionniers de la génétique moléculaire de la levure Saccharomyces cerevisiae, ce champignon microscopique communément utilisé pour les fermentations alimentaires et devenu un modèle expérimental favori pour les recherches fondamentales concernant le fonctionnement des cellules vivantes.

Piotr Slonimski est né à Varsovie le 9 novembre 1922 dans une famille polonaise comptant d'éminents musiciens, poètes, scientifiques et médecins. Durant la Seconde Guerre mondiale, il fait ses études dans la clandestinité tout en participant aux actions de résistance qui lui vaudront, plus tard, la Krzyz Walecznych (croix des Braves polonaise). Il obtient son doctorat de médecine à l'université de Cracovie en 1946 et vient, l'année suivante, en France pour rejoindre, à Paris, le laboratoire de Boris Ephrussi (1901-1979), généticien français d'origine russe, à l'Institut de biologie physico-chimique. C'est là que, grâce à une bourse du CNRS, Piotr Slonimski entreprend alors ses premières recherches sur la formation des enzymes respiratoires chez la levure et sur le rôle d'une nouvelle forme d'hérédité, appelée alors « cytoplasmique », dans ce phénomène. Il obtient son doctorat ès sciences en 1952.

Quelques années plus tard, Piotr Slonimski et son équipe, alors installés dans de nouveaux laboratoires du CNRS à Gif-sur-Yvette, découvrent que les mitochondries, organites intracellulaires jouant un rôle primordial dans la respiration cellulaire, possèdent leur propre génome. Il se lance alors dans l'élucidation de la nature et du contenu génétique de ce nouveau génome alors inconnu mais qui semble fondamental pour la vie des cellules. De nombreuses découvertes essentielles et inattendues suivront. En 1967, le laboratoire de Piotr Slonimski s'installe dans le tout nouveau centre de génétique moléculaire que le CNRS vient d'ouvrir sur le même campus à Gif-sur-Yvette et dont il assurera la direction de 1971 à 1991. Grâce à de nouveaux mutants de levures, les règles d'hérédité propres au génome mitochondrial sont établies et, progrès techniques aidant, les premiers gènes mitochondriaux sont identifiés. Avec d'autres mutants, Piotr Slonimski découvre la nature morcelée de certains de ces gènes et les mécanismes enchevêtrés de leur expression. Ces travaux permettront à Piotr Slonimski de recevoir le prix Charles Léopold Mayer de l'Académie des sciences en 1978 et la médaille d'or du CNRS en 1985.

Piotr Slonimski avait compris qu'il ne peut exister de recherche fondamentale sans lien étroit avec l'enseignement supérieur. Et réciproquement. Ses enseignements à la faculté des sciences de Paris, où il est nommé professeur en 1966, puis à l'université Pierre-et-Marie-Curie (à partir de 1968) joueront un rôle considérable. Avec Madeleine Gans, il crée le DEA (diplôme d'études approfondies) de génétique qui contribuera à former plusieurs générations de scientifiques français et étrangers.

Lorsqu'il quitte ses fonctions de professeur et de directeur en 1991, pour cause de retraite, une nouvelle étape de sa vie scientifique attend Piotr Slonimski. Le séquençage du génome de la levure avec laquelle il avait toujours travaillé venait de débuter deux ans avant à l'initiative d'André Goffeau, professeur à l'université catholique de Louvain-la-Neuve en Belgique. Ce travail impliquait un consortium international de laboratoires soutenu par la Commission européenne. C'était une première mondiale et la[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie et à l'Institut Pasteur

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