PISANELLO ANTONIO PISANO dit (av.1395-1455?)
Peintre, dessinateur et médailleur italien. Formé à Vérone dans l'ambiance du gothique international, près de Stefano da Zevio, Pisanello reçut à Venise une impulsion nouvelle de Gentile da Fabriano : La Madone à la caille (Castelvecchio, Vérone), œuvre de jeunesse, témoigne de cette ouverture à une poétique nouvelle, qu'exprime encore L'Annonciation de San Fermo Maggiore, toute en lignes mélodieuses (env. 1426). La « manière » de Gentile se reflète également dans certains dessins où le sujet, sous une lumière frisante, est traité sans profondeur, comme un bas-relief.
En 1431, Pisanello part pour Rome. À son retour, il donne ses œuvres majeures : Saint Eustache (National Gallery, Londres), Saint Georges et la princesse (env. 1436, Sant'Anastasia, Vérone). Il y dépasse la calligraphie décorative, les finesses purement ornementales : les fresques de Sant'Anastasia sont toutes en demi-teintes, presque en camaïeu dans la partie centrale. Les rehauts de couleurs sont réservés au fond, aux accessoires, aux gibets. La peinture, posée en couches minces, crée une transparence, une subtilité de modelé qui laisse à la ligne sa valeur dans l'ordonnance cohérente de la surface. Il naît ainsi une vision immatérielle dont les figures sans pesanteur s'imposent pourtant par une mystérieuse intensité spirituelle. Pisanello n'a pas cherché dans le thème chevaleresque le prétexte d'une scène d'élégance courtoise. Il s'attache à exprimer l'angoisse contenue des personnages, sur le visage immobile de la princesse, sur celui du héros, grave et exsangue, détournant les yeux vers le monstre qu'il doit affronter. Cette intuition des êtres, cet attachement à leur humanité est dans la ligne de Tommaso da Modena et d'Altichiero. Les différentes esquisses pour la Princesse de Trébizonde montrent, à partir d'une étude prise sur le vif, l'approfondissement ultérieur de l'intention psychologique qui fait de Pisanello un portraitiste pénétrant. Le groupe des cavaliers a gardé, au contraire, quelque chose d'immédiat, d'extérieur, qui l'isole de la scène principale ; il traduit un caprice plus réaliste, une recherche un peu gratuite d'exotisme.
Une grande partie de la carrière de Pisanello se passa hors de Vérone, sa ville natale. Son prestige était grand dans toutes les cours de l'Italie du Nord, Mantoue, Ferrare, Milan, qui l'appellent successivement. À Mantoue où il est appelé par les Gonzague, princes mécènes entourés d'humanistes, il réalise pour le palais ducal un cycle arthurien (fresques et sinopie, retrouvées depuis 1973).Il se rend aussi à Naples, près d'Alphonse d'Aragon. Pour la famille d'Este à Ferrare, il peint, outre des fresques, les deux portraits fameux de Leonello et d'une princesse, peut-être Lucia d'Este, aux profils fermement détachés sur un fond de fleurs précieuses (Académie Carrare, Bergame, et musée du Louvre). Pisanello avait fait en 1432 le portrait de Sigismond Malatesta, pour lequel il existe différents dessins. En 1438, c'est l'empereur d'Orient, Jean VIII Paléologue, venu en Italie pour le concile de Ferrare, qui pose pour lui et lui inspire sa première médaille. Dans cette forme d'art où il va trouver un remarquable prolongement à son œuvre de dessinateur (Codex Vallardi, musée du Louvre) et de portraitiste, Pisanello innove totalement par rapport à ses devanciers.
Cette aptitude à adopter des modes d'expression variés, à assimiler des expériences étrangères, a permis à Pisanello de dépasser les charmes raffinés du style international. Son œuvre ne peut être définie comme un aboutissement du gothique : elle représente une ouverture sur les réalisations futures de la seconde moitié du siècle.
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Écrit par
- Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE : critique d'art
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