PLAGES
À la frontière des terres et des mers, les plages représentent un milieu original, caractérisé à la fois par l'instabilité de son équilibre et par l'attrait qu'il exerce sur l'homme d'aujourd'hui.
Une plage est le versant externe d'une accumulation littorale de sédiments libres (cf. accumulations (géologie) - Accumulations marines ; on pourra également se reporter, pour l'aspect écologique, aux articles littoral maritime, milieu tellurique). Seuls les matériaux que ne lie aucune force d'adsorption, et qui sont instantanément disponibles pour une remise en mouvement, peuvent donc constituer des plages, et celles-ci apparaissent comme des dépôts temporaires d'éléments minéraux en transit entre les terres et les mers, ou le long de leur frontière. Les limites entre lesquelles les particules sédimentaires libres d'une même accumulation vont et viennent sous l'influence de l'agitation de l'eau sont les seules limites de la plage, qui s'étend donc depuis les points les plus hauts qu'atteignent les vagues les plus vigoureuses jusqu'à la profondeur à laquelle les oscillations des plus fortes houles peuvent ramener des particules qu'elles y auraient entraînées.
Les particularités géomorphologiques des plages tiennent essentiellement à l'alternance entre les actions subaériennes et les actions marines ; aussi cet article traitera-t-il d'abord et principalement des régions où cette alternance est le mieux marquée, c'est-à-dire en bordure des mers à marée, le long desquelles les divers phénomènes qui interfèrent sont le plus aisément analysables.
Comme tous les versants, une plage tend vers un profil d'équilibre, c'est-à-dire un profil le long duquel les agents de transport qui exercent leur action à la surface sont impuissants à déplacer les particules. La grande différence avec les versants subaériens façonnés par ruissellement (érosion dite « normale »), c'est qu'ici s'exercent successivement, on pourrait presque dire simultanément, des forces qui tendent à entraîner les sédiments vers le bas et des forces qui tendent à leur faire remonter la pente. Si l'on ajoute à cela que les éléments meubles sont de tailles telles qu'aucune force d'adsorption ne les lie et que la plupart du temps aucune végétation ne les fixe, on concevra qu'un tel équilibre, vers lequel pourtant l'évolution est très rapide, soit très difficile à atteindre et impossible à maintenir durablement.
Aussi est-il plus commode d'envisager d'abord la pente d'équilibre susceptible d'exister à chaque niveau et de chercher ensuite comment les diverses pentes élémentaires s'agencent entre elles pour constituer un profil plus ou moins cohérent, dont on verra qu'il est généralement fait de la coexistence des lambeaux de plusieurs profils d'équilibre, entre lesquels des structures accessoires servent de raccords.
Façonnement de la pente d'équilibre
L'énergie des houles fournit successivement la force qui tend à faire monter le sédiment le long du versant, puis celle qui tend à le faire redescendre. Ces deux forces s'appliquent de façon différente et, de ce fait, sont rarement égales. Selon la taille des matériaux présents en surface, la pente qu'engendre l'action d'une même houle diffère. Les trois principaux facteurs à considérer sont donc la vigueur de la houle à la montée, sa vigueur à la descente et la taille des particules.
L'énergie des houles
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Écrit par
- Jean-Pierre PINOT : professeur à l'université de Bretagne-Occidentale, Brest
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