PLAGES
Les variations du profil
La complexité des profils réels des plages est donc due, pour une large part, à la coexistence de lambeaux de plusieurs profils successifs. C'est que les variations de pente, et partant de profil, sont rapides. Surtout, elles sont complexes et ne se produisent pas forcément sur toute la hauteur de la plage, en raison des variations rapides d'énergie de la houle et de l'interaction entre les variations de la houle et celles du niveau de la mer du fait de la marée. Aussi est-il difficile de prévoir les modifications des profils de plages.
Les variations d'énergie des houles
Lorsque, sans que la taille des sables en surface ait changé (un tel changement ne peut survenir qu'après une importante modification de profil qui a abouti au départ de toute une fraction granulométrique), l'énergie des houles se transforme, la pente, au niveau battu par les vagues, se modifie pour s'adapter aux nouvelles conditions. Les modalités du changement de pente rendent compte d'un certain nombre d'irrégularités rencontrées sur les plages.
Mécanisme de l'engraissement
Si, après une période où l'influence dominante de la nappe de retrait a façonné une pente faible, le retour au calme rend la prédominance au jet de rive (vagues constructives), un régime de sable montant s'établit. Il s'agit en général de houles qui restent d'oscillation jusqu'au trait de côte instantané, et par conséquent le mouvement du sable dans la partie submergée de la plage est un va-et-vient sans transport net appréciable dans aucun des deux sens. Sous le jet de rive, au contraire, il y a un transport qui n'est pas compensé par la nappe de retrait. L'amas du sable dans la zone atteinte par le jet de rive crée là, tout le long de la plage, un léger relief, qui a pour contrepartie un léger abaissement du niveau du sable sous le déferlement.
À l'étale de haute ou de basse mer – et le long des mers sans marée –, cette accumulation de sable peut atteindre un certain volume, par la prolongation de l'action au même niveau. Elle est alors bordée par deux dépressions, l'une en arrière, là où les vagues ne parviennent pas et où la pente antérieure est conservée, l'autre en avant, qui a fourni, sous le déferlement, le sable qui a monté. On qualifie de barre d'estran la construction sableuse, et de bâche la dépression située en arrière.
À marée montante, la barre progresse vers le haut de plage : le jet de rive porte en effet de plus en plus haut. La zone d'ablation située sous le déferlement monte en même temps. La barre est donc détruite sur son flanc aval pendant qu'elle se rehausse sur son flanc amont et au sommet. Elle ne se stabilise en position qu'à marée haute, en atteignant le haut de plage. Son volume est alors devenu important, à cause de l'action prolongée des vagues, et une tranche de sable de même volume a été enlevée sur toute la surface de la plage, qui a servi tour à tour de lieu de déferlement.
Si la différence entre la pente initiale et celle qu'engendrent les houles du jour est assez faible pour pouvoir être entièrement exploitée en une seule marée, la pente façonnée au cours de la marée montante – et qui est visible à la basse mer suivante – est une pente constante, qui ne changera plus tant que les conditions de houle resteront les mêmes. Mais, le plus souvent, la capacité de transport n'est pas telle qu'une quantité suffisante de sable puisse être enlevée en bas de plage et transportée vers le haut de plage en un temps aussi limité. La nouvelle pente qui se forme en contrebas est alors loin de correspondre au nouvel équilibre : elle est intermédiaire entre l'ancienne pente et la nouvelle, qui n'est encore réalisée que sur le flanc aval de la barre. Ce n'est qu'après plusieurs cycles de marée, si le même temps se maintient, que l'équilibre nouveau[...]
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Écrit par
- Jean-Pierre PINOT : professeur à l'université de Bretagne-Occidentale, Brest
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