PLAGES
Structures et formes accessoires des plages
Structures internes
La masse entière d'une plage est faite d'éléments qui ont été mis en place en surface à un moment quelconque, puis inhumés sous d'autres éléments. Autrement dit, toute l'épaisseur de la plage est ainsi formée de lits sédimentaires superposés, dont la pente, la texture et la structure varient plus ou moins vite selon le degré de stabilité de l'état de la mer. De même qu'il peut exister en surface des contre-pentes au revers des barres d'estran, de même il en existe dans les laminations enfouies, et l'ensemble, vu en coupe, présente donc souvent ce qu'il est convenu d'appeler une stratification entrecroisée, qu'une étude attentive permet d'ailleurs de distinguer de celles qui existent dans les dunes ou dans les alluvions fluviales. Chaque lit individuel est composé de particules ayant le même « rayon équivalent hydraulique », c'est-à-dire auxquelles leur taille et leur forme donnent les mêmes réactions qu'une particule sphérique de ce rayon : coexistent ainsi des grains de quartz de faible diamètre et des coquilles brisées de bien plus grande largeur, mais de forme aplatie, des grains de densité usuelle et des minéraux lourds de plus petite taille. À cette règle générale du mélange des éléments de même rayon équivalent hydraulique, il existe des exceptions : d'une part, les couches qui étaient en surface lors d'un changement d'état de la mer comportent souvent un mélange d'éléments de diverses tailles, dont les uns étaient en équilibre avec l'état antérieur, les autres avec le nouvel état ; d'autre part, la réaction de particules de même rayon équivalent hydraulique à l'écoulement turbulent du jet de rive et à l'écoulement laminaire de la nappe de retrait n'est pas toujours identique ; elle varie avec leur forme et leur densité ; en particulier, le moindre frottement subi par les minéraux lourds fait que le jet de rive tend à les projeter un peu plus loin (un peu à la façon dont il projette les galets, dont le rapport masse-frottement est élevé et qui, de ce fait, vont plus loin, une fois mis en route, que le fluide qui les a mus), alors que la nappe de retrait a plus de mal à les mettre en route. Aussi trouve-t-on souvent des concentrations de minéraux lourds là où s'est arrêtée la langue extrême du jet de rive ; leur couleur fréquemment plus sombre rend aisée l'observation de ces ségrégations.
La disposition individuelle des particules a été peu observée pour les sables ; elle est mieux connue pour les galets. Ceux-ci, en régime d'engraissement du cordon, s'adossent les uns aux autres, chacun étant disposé selon une pente propre supérieure à celle de l'accumulation. En régime de démaigrissement, les galets qui descendent se disposent au contraire à la façon des tuiles d'un toit. Enfin, les galets projetés par le jet de rive sur la berme ou sur le revers se disposent de façon anarchique, chacun restant plus ou moins dans la position aléatoire qu'il avait prise au terme de son trajet aérien.
Formes mineures
Parmi les accidents superficiels du versant, certains, quoique traités par beaucoup d'auteurs comme des formes mineures, sont pourtant des formes importantes parce que c'est par elles que la plage évolue : barres d'estran et bâches, bermes du haut de plage, gradins construits le long de la berme par l'accrétion successive des barres d'estran, ou taillés par le démantèlement partiel de la berme, existent nécessairement à certains stades du passage d'un type de profil à un autre.
D'autres formes, dont l'existence est en quelque sorte facultative, méritent mieux le nom de formes mineures. Ce sont des irrégularités du profil transversal et du profil longitudinal, comme les croissants[...]
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Écrit par
- Jean-Pierre PINOT : professeur à l'université de Bretagne-Occidentale, Brest
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