PLAGES
Types régionaux de plages
Les plages des mers sans marée (ou à faible marnage) sont plus difficiles à analyser que celles des mers à fort marnage, parce que les phénomènes que l'on distingue aisément les uns des autres sur ces dernières sont entremêlés et confondus sur les premières. En général, la dénivellation totale de la plage est beaucoup moindre, ainsi que la largeur. Les profils d'équilibre sont beaucoup moins réguliers, faute de lissage par la marée, mais ils sont plus vite atteints, parce que c'est toujours au même niveau que s'applique l'énergie des houles.
D'autre part, les plages des mers à faible marnage sont beaucoup plus sensibles aux variations, saisonnières ou accidentelles, du niveau moyen de la mer. C'est ainsi que des bermes imposantes sont construites par les hauts niveaux saisonniers, en automne par exemple, sur les rives méridionales du golfe du Mexique.
Dans chacune des grandes zones climatiques, les plages ont des particularités liées d'une part aux différents types d'apports de matériaux (apports éoliens, fourniture de matériaux gélifractés), d'autre part à la répartition saisonnière des houles.
C'est ainsi que des plages intertropicales, comme celles du golfe de Guinée, sont façonnées essentiellement par des houles très longues venant d'un front polaire, que le vent local ne force guère vers la côte, et accessoirement par les cyclones saisonniers. La constance remarquable des agents de façonnement fait qu'elles atteignent rapidement leurs profils d'équilibre saisonniers et s'y tiennent.
Les plages subtropicales, comme celles de Mauritanie ou de Californie, connaissent une alternance saisonnière bien tranchée, entre de fortes houles d'hiver dues aux perturbations du front polaire, qui arrivent toujours de la même direction, et des calmes estivaux. C'est là que l'on observe les plus grands reculs frontaux saisonniers en hiver, les plus considérables accrétions en bermes en été.
Les plages tempérées, pour lesquelles la répartition saisonnière est infiniment moins rigoureuse et qui, placées sous les ondulations du front polaire, reçoivent des tempêtes venant de directions variées, ont une évolution très entrecoupée, qui fait que rarement les profils atteignent leur parfait développement (et qui fait aussi que, lorsqu'ils l'atteignent, cette évolution naturelle prend des aspects de catastrophe, parce qu'inhabituelle).
Les plages des pays froids, arctiques ou antarctiques, sont en grande partie façonnées par la glace : modelage par le pied de glace, gélifraction des éléments grossiers, exportation des sédiments, mais aussi atténuation des houles par les glaces flottantes.
Enfin, le cadre maritime régional influe sur la disposition des plages : dans les mers fermées, ou peu ouvertes, l'influence des houles longues est nulle et ce sont essentiellement les vents locaux qui expliquent la répartition des houles et leur caractère constructif ou destructif. De même, la disposition du plateau continental rend compte de la répartition et de l'importance des plages : plages rares, étroites, faites de galets, des côtes sans plateau continental (Provence) ; plages sableuses, mais discontinues, logées dans les anfractuosités du littoral, des côtes disposées obliquement par rapport aux houles longues qui balayent le plateau continental (Bretagne méridionale) ; immenses plages de sable des côtes qui reçoivent de plein fouet les houles longues qui viennent de balayer un large plateau continental (Landes de Gascogne, côte orientale des États-Unis).
Par leur extraordinaire variété, comme par la rapidité et la complexité de leur évolution, les plages apparaissent donc comme l'un des domaines privilégiés de la réflexion géomorphologique.
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Écrit par
- Jean-Pierre PINOT : professeur à l'université de Bretagne-Occidentale, Brest
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