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PLAGIAT

Le plagiat consiste à détourner l’œuvre d’autrui à son profit et sous son propre nom, en procédant à un recopiage plus ou moins littéral. Cette pratique recouvre tous les domaines de la création littéraire et artistique. Selon les périodes, elle a fait l’objet d’un discrédit, d’une banalisation ou, plus rarement, d’une valorisation en fonction du statut accordé à l’auteur et à son œuvre.

Longtemps tabou, le plagiat est devenu un sujet d’actualité omniprésent et retentissant : l’œuvre est désormais assimilée à un produit de consommation dont la valeur dépend en partie des contraintes du marché et des circuits de diffusion, selon des critères économiques qui tendent à l’emporter sur les normes purement esthétiques. Ainsi, la tentation est forte pour certains de puiser sans vergogne dans le vaste champ des publications, tant se sont multipliées les initiatives éditoriales, sous des formes imprimées ou numériques. L’utopie d’un libre partage, dans le respect de la contribution de chacun au sein de la collectivité, s’effrite trop souvent au profit de l’intérêt particulier.

Lorsqu’au xvie siècle Montaigne citait Sénèque sans guillemets, il savait qu’il s’adressait à une communauté de lecteurs formés à la même culture humaniste et détenteurs des mêmes références textuelles. Il allait de soi que de telles références aux Anciens, explicites ou non, ne constituaient aucunement des emprunts frauduleux, mais s’entendaient comme des allusions évidentes, destinées à un public capable de partager le plaisir d’une complicité intelligente entre lettrés. Aujourd’hui, l’éclatement du champ de la connaissance en une multitude de domaines de spécialisation a rendu impossible le partage d’un savoir commun. Le plagiat, loin de se réduire à une question d’esthétique, est devenu un vrai sujet de société dont les ressorts sont aussi bien économiques que techniques, tant les outils de lecture et d’écriture permettent une circulation plus aisée de l’information, via sa mise en ligne sur Internet, le copier-coller et le téléchargement. Se posent alors des questions de déontologie dans des termes nouveaux, selon les supports utilisés et les modes de diffusion.

La notion de plagiat fait l’objet de bien des confusions : relevant du vocabulaire de la critique littéraire et artistique, sans pour autant échapper à une appréciation d’ordre moral, elle se trouve liée, sans se confondre avec elle, à la notion juridique de contrefaçon et, par conséquent, à la réglementation sur le droit d’auteur. Le plagiat, zone « grise » entre emprunt servile et emprunt créatif, est souvent difficile à identifier. Pour mieux en saisir la nature, il convient d’en préciser les frontières avec d’autres notions voisines et de le resituer dans une perspective historique, en tenant compte de l’évolution des supports de l’œuvre jusqu’au numérique.

Une notion à géométrie variable

Étymologiquement, le terme plagiat vient du grec plagios, « oblique », « rusé ». Cependant, le plagiaire (plagiarius), dans la Rome antique, désignait un voleur non pas de mots mais d’esclaves ou d’enfants destinés à l’esclavage. Le plagiaire était condamné au fouet par la loi Fabia de plagiariis. On a cru à tort qu’il existait dès l’Antiquité une loi qui protégeait les auteurs. Or aucune législation ne sévissait dans ce domaine, seules l’opinion et la réprobation morale. Cette erreur d’interprétation fut renforcée par l’emploi dans un sens métaphorique du mot « plagiaire » par le poète latin Martial, quand il compare ses vers – qu’un certain Fidentinus lui avait dérobés – à ses propres enfants.

Au Moyen Âge, peu d’œuvres mentionnaient le nom de leur auteur. L’œuvre était souvent le fruit d’un travail collectif et le commerce des livres était perpétué par des moines copistes, à la fois érudits et auteurs.[...]

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<em>Le Masque des orateurs</em>, Jean de Soudier de Richesource. - crédits : BnF, X-18739

Le Masque des orateurs, Jean de Soudier de Richesource.

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