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PLAGIAT

Le plagiat dans l’espace numérique

Les nouvelles stratégies éditoriales liées à des enjeux financiers de plus en plus contraignants expliquent en grande partie la banalisation de la pratique plagiaire, via le recours à la délégation d’écriture, par exemple. Le phénomène est accentué par le développement de nouveaux moyens de diffusion culturelle, comme le numérique.

On connaît les difficultés de la presse à survivre au choc du numérique : la multiplication des supports d’information sur Internet a fait exploser la pratique du pillage des articles, au point que sept grandes sociétés de presse ont dû monter au créneau en publiant en 2000 une Charte d'éditionélectronique, signée par Le Monde, L’Agefi, La Tribune, Libération, Investir, ZDNet et Geste. La reproduction littérale est évidemment visée, mais aussi le résumé qui tend à reprendre ce qui constitue l’essence même du travail du journaliste, à savoir le contenu informationnel, indépendamment de l’expression qui, dans un texte littéraire, apparaît au contraire comme consubstantielle au contenu même. Ainsi, face au raz-de-marée numérique, les journalistes mènent un combat sans répit, privilégiant l’information de première main et l’analyse critique, alors même qu’elle se voit menacée par la prolifération d’un contenu recyclé et peu fiable, où la pratique du plagiat s’avère préjudiciable à la survie même de la diversité de la presse.

Le domaine de la recherche scientifique, quelles que soient les disciplines, est lui aussi fortement fragilisé par le plagiat, favorisé par l’ouverture du champ de la recherche : numérisation des matériaux, mise en ligne des projets de recherche, des débats scientifiques, des rapports parlementaires et des études administratives, que ce soit dans les revues électroniques, les archives ouvertes ou les sites spécialisés. L’ouvrage collectif Le Plagiat de la recherche scientifique (2012)pointe les défaillances d’un système universitaire, tout en recherchant les moyens de lutte contre le copier-coller, le détournement habile ou le travestissement falsificateur des résultats de la recherche. Il conviendra en effet de renforcer, dans le cadre de la communauté scientifique, les moyens de prévention et de sanction du plagiat et de mettre en œuvre « un traitement juridique qui soit à la hauteur des risques qu’il fait courir à la société de la connaissance ». Les rapports émanant de l’institution universitaire ne manquent pas de rappeler ces impératifs déontologiques. Mais, de l’intention à l’application des bonnes pratiques, il y a un gouffre, comme le montrent les études de cas de plagiats universitaires, mises en ligne sur le site Internet de Michelle Bergadaà (Responsable) et sur le blog de Jean-Noël Darde (Archéologie du copier-coller), dont le travail de veille se heurte souvent à la peur des plagiés et à la résistance institutionnelle.

Face à la prolifération du pillage numérique, il convient de reconnaître que les moyens de détection du plagiat se sont perfectionnés, précisément grâce aux nouvelles technologies. D’une part, on repère aisément, par des coups de sonde dans les moteurs de recherche, les éléments recopiés sur Internet, alors que les recherches dans des ouvrages imprimés exigent davantage de temps et, surtout, de culture personnelle pour cibler les sources ; d’autre part, des logiciels de détection de similitudes – abusivement dénommés « antiplagiat », tant le travail de qualification de l’emprunt demeure délicat – permettent d’accumuler dans des bases de données des documents de toutes sortes – articles, mémoires, rapports et thèses –, qui constituent un réservoir immense d’informations issues de toutes les disciplines, d’écoles, d’universités et d’établissements de formation les plus divers.

La question demeure, une fois les similitudes repérées, d’en[...]

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<em>Le Masque des orateurs</em>, Jean de Soudier de Richesource. - crédits : BnF, X-18739

Le Masque des orateurs, Jean de Soudier de Richesource.

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