PLANCTON
Le plancton, source de nourriture
En assurant près de 45 p. 100 de la production primaire de la planète, le phytoplancton est un acteur majeur de la production de matière organique à partir de l'énergie du soleil et se trouve ainsi à la base de nombreuses chaînes alimentaires. Tout comme les plantes terrestres, le phytoplancton a non seulement besoin de lumière et de dioxyde de carbone mais aussi de sels nutritifs pour assurer sa croissance. La disponibilité de ces derniers conditionne en grande partie la distribution spatiale et l'évolution saisonnière de l'ensemble du plancton. Les zones côtières, grâce aux apports fluviaux et au ruissellement, sont ainsi généralement beaucoup plus riches en plancton. Les zones de remontées d'eaux profondes comme les côtes du Pérou, les côtes mauritaniennes ou les régions polaires, sont également des zones où le plancton abonde. À l'inverse, les zones centrales des océans sont parmi les plus pauvres en plancton car elles sont isolées des principales sources d'éléments nutritifs par les courants marins. Sur le plan saisonnier, dans les régions tempérées, les eaux de surface s'enrichissent généralement en sels nutritifs au cours de l'hiver grâce au refroidissement qui permet un mélange avec les eaux profondes. Cet enrichissement permet un développement intense du plancton au printemps : c'est l'efflorescence printanière. Celle-ci épuise rapidement le milieu car, dans le même temps, l'eau se réchauffe en surface et la stratification qui en résulte fait barrière à de nouveaux apports nutritifs depuis les profondeurs. La quantité de plancton dans l'eau décline alors jusqu'à l'automne où l'on observe parfois un soubresaut grâce au recyclage des matières mortes par les bactéries (fig. 2).
Lorsque la production du phytoplancton est importante, elle profite principalement à une chaîne alimentaire plutôt courte, dite classique, qui passe par un zooplancton dominé par des crustacés puis par des poissons pélagiques comme l'anchois ou la sardine. Lorsque la production est plus faible, faute de sels nutritifs suffisants, les voies de recyclage de la matière organique au sein même du plancton deviennent prépondérantes. Des bactéries, qui exploitent les détritus présents dans l'eau, alimentent toute une série de prédateurs unicellulaires (le nano- et le microzooplancton) qui produisent à leur tour des détritus : c'est la boucle microbienne (fig. 3). Le réseau trophique (ensemble des interactions alimentaires d'un écosystème) devient alors plus complexe et la diversité biologique augmente avec l'apparition d'espèces spécialisées.
Au niveau des échelons supérieurs des écosystèmes, bien que les baleines à fanons soient effectivement friandes de krill (crustacés à la frontière entre plancton et le necton), elles sont loin d'être les seules à exploiter directement la ressource planctonique. On trouve de grands poissons pélagiques comme le requin pèlerin mais aussi les juvéniles de la plupart des poissons carnivores et la majorité des crevettes pélagiques. De nombreux oiseaux marins, comme le mergule nain ou le pétrel, se nourrissent également de plancton. Les tortues marines, omnivores, consomment volontiers du plancton quand elles en ont l'occasion, en particulier des méduses. Enfin, les phoques complètent souvent leur régime piscivore par des crustacés planctoniques. Par ailleurs, le plancton est une ressource indispensable à de nombreuses espèces qui vivent sur le fond (organismes dits benthiques) et qui filtrent l'eau pour se nourrir. Parmi ces espèces, on trouve notamment des mollusquesbivalves comme l'huître ou la moule, des crustacés comme les balanes, ou encore des tuniciers comme le violet (la figue de mer).
Sur le plan qualitatif, le plancton est riche en protéines et en[...]
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Écrit par
- Stéphane GASPARINI : maître de conférences à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
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Médias
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