PLANTES GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉES ET RÉSISTANCE
Les plantes génétiquement modifiées (P.G.M.), cultivées pour la première fois au milieu des années 1990, se sont imposées dans de nombreux pays, tels que les États-Unis, le Brésil, l’Argentine ou l’Inde. L’extension rapide de ces cultures a suscité maints doutes quant à leur innocuité et éveillé la crainte de possibles impacts sanitaires et environnementaux, conduisant même à leur interdiction dans certains pays comme la France ou l’Allemagne. La résistance des ravageurs aux protéines insecticides produites par une partie de ces P.G.M. ainsi que la résistance des adventices (communément appelées mauvaises herbes) aux herbicides appliqués sur les cultures de P.G.M. qui peuvent les tolérer font partie de ces risques. Des recherches menées sur ce phénomène de résistance démontrent que celui-ci est loin d’être rare ; il a déjà été observé et décrit pour plusieurs espèces de ravageurs et d’adventices. Il vient remettre en cause l’efficacité et l’intérêt même des cultures de plantes génétiquement modifiées.
P.G.M. résistantes aux insectes et aux herbicides
La grande majorité des P.G.M. commercialisées possèdent – séparément ou de manière combinée – deux types de caractéristiques : une résistance aux insectes qui les ravagent et une résistance (on dit aussi tolérance) à divers herbicides, notamment le glyphosate, principe actif du Roundup. Pour résister à leurs ravageurs, les P.G.M. contiennent, dans leur génome, un ou plusieurs gènes qui ont été insérés par transgenèse (et donc appelés transgènes) ; ils assurent la production de protéines insecticides. Ces transgènes proviennent pour l’essentiel de la bactérie Bacillus thuringiensis(Bt) – ce qui explique le nom maïs Bt ou cotonnier Bt souvent donné à ces P.G.M. Le glyphosate se fixe sur une enzyme (la 5-enolpyruvoyl-shikimate-3-phosphate synthase ou EPSPS) essentielle à la vie de la plante, empêchant ainsi son activité, ce qui entraîne la mort du végétal. Les transgènes insérés dans le génome des P.G.M. tolérantes au glyphosate assurent la production d’une forme particulière de cette enzyme puisque l’herbicide s’avère incapable de s’y fixer.
La culture de ces deux types de P.G.M. a débuté au milieu des années 1990 aux États-Unis. Depuis lors, elle s’est largement répandue à l’échelle mondiale. Si les États-Unis demeurent le premier producteur de P.G.M., d’autres pays, comme le Brésil, l’Argentine, l’Inde et la Chine se sont lancés dans la culture intensive de ces variétés, lesquelles concernent surtout le maïs, le soja et des cotonniers. En Europe, ces cultures restent complètement marginales. L’Espagne fait figure d’exception en produisant depuis plusieurs années du maïs Bt sur environ 10 p. 100 des surfaces agricoles couvertes par cette céréale.
Dans le monde, les surfaces consacrées aux P.G.M. sont passées de quelques centaines d’hectares en 1996, à plus de 170 millions d’hectares en 2013. Ainsi, plus de 90 p. 100 de la production mondiale de soja provient de variétés résistantes au glyphosate. De même, les champs de maïs et de cotonniers sont, dans 60 ou 70 p. 100 des cas, résistants à cet herbicide.
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Écrit par
- Denis BOURGUET : directeur de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique
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