- 1. Une plasticité cérébrale évidente
- 2. Les cartes cérébrales éclipsent la plasticité
- 3. Des preuves à l’appui de la plasticité cérébrale
- 4. Hypothèses et mécanismes de la plasticité cérébrale
- 5. La ou les plasticités ?
- 6. L’exploration de la plasticité cérébrale : perspectives médicales
- 7. Perspectives éducatives
- 8. Bibliographie
PLASTICITÉ CÉRÉBRALE
Perspectives éducatives
En tant que l’apprentissage en dépend, la plasticité cérébrale est invoquée comme moyen d’amélioration et de stabilisation des performances scolaires. Par l’entremise d’expériences conduites chez l’animal, les neurosciences du développement identifient les ouvertures et les fermetures de périodes critiques et sensibles, au cours desquelles les circuits neuronaux possèdent une capacité particulière à s’adapter, et donc à acquérir de nouvelles propriétés. Ces périodes sont des fenêtres d’opportunités à des expériences spécifiques, qui s’ouvrent, puis se ferment après un certain temps. Les mécanismes moléculaires de l’ouverture et de la fermeture de ces périodes sont à l’étude. Ce sont la maturation de circuits inhibiteurs et l’expression de « freins » moléculaires modulant le rapport excitation/inhibition qui dictent la maturation d’un circuit neuronal. Les modifications épigénétiques dirigeraient une grande partie de la machinerie moléculaire qui détermine le début et la fin des périodes critiques. Se substituant à l’idée d’un développement cérébral déterminé, avec des périodes critiques nettement définies, une nouvelle représentation du cerveau animal indiquerait plutôt une plasticité intrinsèque, dont le développement normal requiert la suppression programmée dans le temps, plasticité également modulable, positivement ou négativement par des facteurs environnementaux et pharmacologiques.
Si l’on transpose ces résultats et hypothèses à l’homme, l’enjeu éducatif devient considérable : on admet que l’ouverture et la fermeture des périodes critiques ne dépendent pas seulement de la maturation cérébrale qui fait que le cerveau de l’enfant est structuré dès la naissance – ce qui lui confère des intuitions profondes sur les objets, l’espace, les nombres, le langage parlé… –, mais qu’il est aussi modulable par des facteurs environnementaux dont font partie les actions pédagogiques. Selon Stanislas Dehaene, psychologue cognitiviste et neuroscientifique, ces intuitions et ces facteurs doivent désormais être connus de l’enseignant lors de l’apprentissage de la lecture ou des mathématiques (neuroéducation, neuropédagogie).
De nombreux travaux en neurosciences cognitives sur le développement des fonctions cognitives selon l’âge étudient la dépendance de celles-ci vis-à-vis de la maturation cérébrale et de l’environnement. En effet, certains facteurs de ce dernier augmentent (enrichissement) ou diminuent (peur, émotions négatives) les capacités d’apprentissage. Il existerait tout une hiérarchie de périodes critiques dans les différents domaines, tout particulièrement le langage. Ainsi, la capacité d‘apprentissage d’une seconde langue baisse de façon continue avec l’âge, et nettement à la puberté. Toutes ces recherches peuvent ainsi ouvrir à des applications dans le domaine de l’éducation dans le but d’optimiser l’enseignement afin de remédier, entre autres, à des difficultés fréquentes telles que dyslexie, dyscalculie, dyspraxie, trouble de l’attention, etc.
Au-delà de la question de la plasticité cérébrale, les présupposés épistémologiques, philosophiques et sociétaux sur lesquels reposent ces perspectives éducatives font l’objet de vifs débats.
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Écrit par
- Jean-Claude DUPONT : professeur des Universités (histoire et philosophie des sciences) à l'université de Picardie Jules Verne, Amiens
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