RUSSE PLATE-FORME
Tectonique du socle
Le socle apparaît essentiellement à la faveur de deux soulèvements : celui du bouclier baltique et celui du bouclier ukrainien (dit aussi massif de Podolie-Azov). Alors que le premier a des bords bien dessinés ainsi qu'une pente douce (0030′ à 30), et que la couverture s'y est conservée dans seulement quelques grabens (lacs Vättern, Siljan, d'Onega) et dans des fossés peu profonds (golfe de Botnie, notamment) sous forme de sédiments précoces (Jotnien, Sparagmite, série varégienne, Paléozoïque inférieur) d'une puissance de quelques centaines de mètres, le bouclier ukrainien, beaucoup moins vaste, est une sorte de lambeau du gigantesque bouclier sarmatien qui avait existé aux premiers stades de l'évolution de la dalle russe, lambeau dont le bord nord-est s'effondre en failles, tandis que ses bords ouest et sud sont relativement peu inclinés. De vastes surfaces en sont cachées sous une pellicule (quelques dizaines de mètres) de sédiments paléogènes.
La surface du socle de la dalle russe est accidentée par des sillons linéaires, relativement étroits (quelques dizaines de kilomètres) mais assez allongés (plusieurs centaines de kilomètres) et profonds (3 à 7 km), nommés « aulacogènes », qui se sont mis en place aux étapes finales de la consolidation du socle des régions orientales de la plate-forme européenne, et dont les principaux sont ceux de la Russie moyenne, de Moscou et de la Patchelma. Ils sont remplis de sédiments, en partie volcanogènes, du Protérozoïque ultime (Riphéen) que surmonte une série de sédiments vendiens (Éocambrien) et paléozoïques ; au-delà des aulacogènes, ceux-ci se déposent directement sur le socle cristallin. Les dépôts comblant les aulacogènes représentent une sorte de complexe intermédiaire entre le socle et la couverture. Ils se distinguent des séries de la couverture par le nombre plus élevé de dislocations, par la présence des séries volcanogènes et, parfois, par un faible métamorphisme.
Dans les limites des dalles se distinguent nettement de vastes zones de subsidence ( synéclises) et de larges voûtes à structure très différente (antéclises). Parmi les synéclises les plus importantes de la dalle russe, on peut citer celle de Moscou, située en son centre, et la fosse précaspique au sud-ouest. Dans la première, le socle se trouve à une profondeur de 2 à 3 km, tandis que, dans la seconde, il s'ennoie jusqu'à 18 ou 19 km de la surface : il faut voir ici un affaissement qui s'est poursuivi à travers toute l'évolution de la plate-forme. D'après les très nombreuses données sismiques, les horizons inférieurs de l'écorce terrestre subiraient sous cette zone une basification et, dans la partie centrale, la croûte granitique s'amincirait jusqu'à faire place à la couche basaltique. Les antéclises représentent, pour leur part, des soulèvements souvent complexes et accidentés. La plus vaste est l'antéclise Volga-Oural, située à l'est de la dalle russe. La puissance de sa couverture varie de 1 700 à 2 100 m. La majorité des soulèvements qui la compliquent contiennent de riches gisements de pétrole et de gaz (Paléozoïque). Les antéclises de Voronej et de Mazowsze-Russie Blanche, qui recoupent transversalement la partie méridionale de la dalle, montrent une couverture très réduite (1 à 1,5 km).
Le grand fossé Brest-Pripiat-Donetz, de structure tout à fait originale, s'étire sur 1 500 km à travers la région sud de la plate-forme et sépare le massif ukrainien du reste du territoire. Ce fossé, mis en place au Dévonien dans le vieux bouclier sarmatien, ressemble par sa structure aux aulacogènes anciens. Son extrémité sud-est perce le bord sud de la dalle et y laisse pénétrer la chaîne varisque du bassin houiller du Donetz.
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Écrit par
- Alekseï BOGDANOFF : professeur à la faculté de géologie de l'université de Moscou
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