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PLAUTE (env. 254-184 av. J.-C.)

Des « enfances » du théâtre comique latin, il n'est guère permis que de nous interroger sur quelques traditions populaires et religieuses le plus souvent confondues, et sur un petit nombre d'informations historiques dues surtout à Tite-Live(Histoire romaine, VII, ii). En outre, que peut-on juger de ces vivaces manifestations du rire sur le tréteau que furent, à l'origine, le mime, de souche sicilienne ou de la Grande-Grèce, tout ensemble parade clownesque et sujet d'irrévérence, qui finit dans l'indécence et la grossièreté, et l'attellane campanienne, théâtre de types caricaturaux, qui préfigure la commedia dell'arte et le répertoire des « pupazzi » français du Guignol ? En effet, à partir du moment où succède à ces jeux scéniques du terroir la comédie de modèle grec, il ne demeure que peu de chose : trois titres incertains d'un prestigieux écrivain venu de Tarente, Livius Andronicus, qui « créa » le nouveau théâtre à Rome, de courts fragments de son contemporain Naevius, et trois cents vers du Gaulois Statius – ce qui compte peu au regard des vingt-six comédies de Plaute et de Térence.

Encore plus mal connues sont les suites d'un genre littéraire après lequel le théâtre latin paraît revenir, à travers l'atellane et le mime, à ses tendances primitives. Le regret de tant de richesses perdues nous incite à aborder avec force prudence l'examen d'une œuvre comme celle de Plaute.

Le répertoire plautinien

Titus Maccus Plautus né à Sarsina en Ombrie, à la fois auteur et animateur de théâtre, comme Shakespeare et Molière, passe pour avoir composé cent trente pièces, dont vingt nous sont parvenues, que l'on peut justement tenir pour authentiques. Ce sont, dans l'ordre alphabétique, aucune chronologie n'ayant pu être établie avec certitude : Amphitryon, Asinaria (La Comédie aux ânes), Aulularia (La Marmite), Bacchides (Les Deux Bacchis [nom de femmes]), Captivi (Les Captifs), Casina (nom de femme), Cistellaria (La Comédie du coffre), Curculio (Le Charançon), Epidicus (nom d'esclave), Menaechmi (nom des jumeaux sur qui repose l'action), Mercator (Le Marchand), Miles gloriosus (Le Soldat fanfaron), Mostellaria (La Comédie du fantôme), Persa (Le Persan), Poenulus (Le Carthaginois), Pseudolus (nom d'esclave), Rudens (Le Câble), Stichus (nom d'esclave), Trinummus (les Trois Écus d'argent) et Truculentus (Le Brutal). Mentionnons, pour mémoire, une vingt et unième comédie inscrite à ce répertoire, la Vidularia (La Comédie de la valise) dont les quelques fragments – environ cent vingt vers – que l'on a conservés ne nous apprennent rien qui vaille, sauf que le sujet était sans doute le même que celui de Rudens. Cela n'a rien de surprenant, étant donné que Plaute, comme plus tard Térence, emprunte ses sujets et ses types aux écrivains grecs de la comédie moyenne ou de la nouvelle comédie (ive siècle). Les mieux connus de ces écrivains sont Antiphane, Philémon, et surtout Ménandre dont on a retrouvé en 1905 de nombreux fragments d'œuvre, et dont on possède, depuis les années 1950, une comédie pratiquement complète, Dyscolos (Le « Pénible »). Les pièces de ces poètes tournaient autour d'un thème commun : l'amour d'un fils de famille pour une touchante créature réduite à l'esclavage, amour contrarié par les parents, favorisé, au rebours, par un coquin de valet du genre Scapin, jusqu'au moment du final où l'on découvre, pour la satisfaction générale, que la jeune personne est de condition libre. Au service de cette intrigue assez mince, qui ne trouve sa variété que dans le dosage et l'utilisation plus ou moins plaisante ou subtile de ses éléments, vient une galerie de types convenus, encore qu'il soit possible d'en modifier çà et là certains traits pour pimenter l'action comique : l'amoureux, quelquefois flanqué d'un compagnon[...]

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