PLINE LE JEUNE (61 env.-114)
Le renom de Pline le Jeune est dû à sa correspondance. Ses lettres à Trajan, dont il fut l'un des hauts fonctionnaires, sont, avec les réponses de l'empereur, un bon document sur les méthodes de l'administration impériale. Moins spontanée que celle de Cicéron, sa correspondance privée compose une sorte de journal de sa vie où se mêlent aux détails quotidiens l'éloquence, l'essai philosophique, ou de morale stoïcienne le tout dans une langue élégante et d'une agréable lecture.
Une carrière sénatoriale
Fils d'un notable de Côme, où il naquit, Pline le Jeune s'appelait, à sa naissance, C. Caecilius Secundus, mais il perdit son père de bonne heure et fut adopté par son oncle maternel, celui que nous appelons Pline l'Ancien. Il prit alors le nom de C. Plinius Caecilius Secundus. Plusieurs inscriptions conservées, dont une autrefois à Côme, permettent de reconstituer sans trop de mal sa carrière, et les détails sur lui-même que contient sa grande œuvre, la Correspondance, comblent les lacunes. Pline fit une carrière sénatoriale. Dans son adolescence, il avait été un très brillant élève, au point de composer à quinze ans une tragédie grecque. Il suivit l'enseignement des rhéteurs, notamment celui de Quintilien, et fut, en philosophie, l'auditeur du stoïcien Musonius. La première apparition en public du jeune homme dans une activité officielle fut un plaidoyer qu'il prononça, à dix-neuf ans, devant le tribunal des Centumvirs. Parallèlement, il exerçait les magistratures préliminaires de rigueur et satisfaisait au service militaire. C'est ainsi qu'il fut tribun militaire en Syrie. À ce moment, Domitien est maître de l'Empire. Alors que d'autres refusent de collaborer avec le « tyran », Pline poursuit une carrière rapide. Questeur en 89, il est attaché à la personne de l'empereur. Deux ans plus tard, il devient tribun de la plèbe et, en 93, il exerce la préture. Après quoi il fut nommé intendant du trésor militaire. À cette époque, Domitien, en face d'une opposition sénatoriale de plus en plus forte, tenta de la briser par la terreur ; Pline vit mourir autour de lui les sénateurs les plus influents, qui étaient aussi ses amis. Peut-être aurait-il été lui-même victime de Domitien si celui-ci n'avait été assassiné. Il se rallia tout de suite au régime nouveau, mais Trajan lui fit attendre le consulat pendant sept ans ; cette charge lui fut attribuée pour l'année 100. Au Sénat, il était l'un des orateurs les plus écoutés. En 103, il fut coopté par le collège des augures et, en 105, il était curator aluei Tiberis, chargé d'entretenir le lit du Tibre et de prévenir les inondations. Vers 111, il fut désigné comme gouverneur de la province de Bithynie, et il resta au moins deux ans dans ces fonctions. Il avait le titre de legatus de l'empereur, mais possédait le pouvoir proconsulaire – situation juridique ambiguë, qui indique que Trajan l'avait investi d'une mission spéciale, sans doute le soin de remettre de l'ordre dans un pays troublé par une mauvaise administration. Cette situation particulière explique sans doute le soin pris par Pline de tenir Trajan au courant des moindres événements et de lui demander conseil. Cette correspondance avec Trajan, avec les réponses de l'empereur, forme un bon document sur les méthodes de l'administration impériale. On y voit, en particulier, comment se posait, dans une province orientale, le problème des chrétiens. La correspondance s'arrête avec l'année 113 et le rappel de Pline. On ignore où et quand il mourut.
Pline est le représentant de la classe dirigeante au début du règne des Antonins. Il donne une image très vivante de ce qu'était la civilisation romaine à cette date : aristocratie provinciale, qui remplace la vieille aristocratie proprement[...]
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Écrit par
- Pierre GRIMAL : professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres
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