PLOMB
Le plomb (symbole Pb) constitue en valeur moyenne 12,5 ppm (parties par million) de la croûte terrestre (20 ppm dans les granites et 5 ppm dans les basaltes), ce qui le place, parmi les métaux industriels, entre le cuivre (35 ppm) et l'étain (2 ppm). Le plomb, par sa présence, naturelle, a ainsi fasciné l'homme, des alchimistes qui ont longtemps rêvé de lui faire acquérir le brillant incomparable de l'or (bien plus que la pyrite – l'« or des fous » –, sulfure de fer, bien moins malléable) jusqu'aux métallurgistes du milieu du xxe siècle. Et bien avant encore, comme l'ont montré les travaux des archéologues.
Dans la nature, le plomb est presque toujours associé à d'autres atomes. Sa plus grande concentration est connue dans la galène (PbS), où il est associé au soufre. Ce sulfure [cf. sulfures et sulfosels naturels]a été longtemps exploité car ses gisements pouvaient aussi contenir de l'argent. Mais le plomb est associé à de nombreux métaux pour donner une gamme étendue de minéraux mineurs ou accessoires dans les paragenèses de métaux de base, notamment le zinc ; il en résulte que la production annuelle de plomb et son prix sont relativement dépendants des fluctuations de l'offre et de la demande d'autres métaux.
Ce prix du plomb et sa demande ont aussi beaucoup changé au cours des dernières décennies. En effet, autrefois largement utilisé pour la fabrication des tuyaux, des pigments, des feuilles isolantes, des céramiques, des alliages pour soudures et fusibles, etc., le plomb est désormais reconnu comme un élément polluant dans les pays développés qui limitent ou proscrivent son usage, avec pour exemple le plus connu la promotion de l'essence « sans plomb » (en raison surtout du développement des pots catalytiques des véhicules automobiles pour lesquels le plomb est un « poison » (cf. platine et platinoïdes). La principale utilisation du plomb est actuellement la fabrication des batteries et accumulateurs, ce qui explique la forte demande de ce métal de la part de pays émergents où le marché de l'automobile est en croissance rapide.
Le plomb est également recherché pour d'autres avantages. D'une part, en alliage avec l'étain, il se révèle un excellent isolant phonique, il est utilisé depuis longtemps, dans la fabrication de munitions (6 p. 100 de la consommation mondiale) et, surtout, il bloque très efficacement les radiations ioniques (rayons gamma, rayons X ...). D'autre part, le plomb est facilement réutilisable et plus de 50 p. 100 de sa consommation actuelle concerne du métal recyclé.
Les gisements de plomb
Le plomb est très rare à l'état naturel. On le connaît essentiellement dans deux gisements : celui de Langban en Suède (complexe où il est associé au fer et au manganèse) et dans des dépôts fumerolliens à Madère. Il y forme parfois des cristaux cubiques, mais le plus souvent des remplissages de fissures ou des agrégats dépourvus de formes cristallines.
Les principaux minéraux porteurs de plomb dans les gisements miniers sont la galène (un sulfure), l'anglésite (un sulfate) et la cérusite (un carbonate). Mais le plomb entre dans la composition de 240 minéraux identifiés ; les principaux sont listés dans le tableau 1.
Le plomb et le zinc se trouvent généralement associés, en proportions diverses, dans les mêmes gisements. À ces deux métaux principaux s'ajoutent souvent, en petites quantités (de quelques dizaines à quelques centaines de grammes par tonne de minerai), des métaux plus ou moins rares : argent, cadmium, gallium, indium, germanium ; ces deux derniers ont acquis une importance considérable dans l'industrie électronique ; le gallium est utilisé en optique infrarouge et dans les câbles à fibres de verre.
Le plomb et le zinc se trouvent très généralement dans la nature sous forme de sulfures[...]
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Écrit par
- Claude FOUASSIER : ancien élève de l'École normale supérieure, docteur ès sciences, directeur de recherche au C.N.R.S.
- Michel PÉREYRE : professeur à l'université de Bordeaux-I, directeur de recherche au C.N.R.S.
- Michel RABINOVITCH : ingénieur géologue
- Jean-Louis VIGNES : professeur d'université à l'I.U.F.M. de Créteil, chercheur au Centre d'études de chimie métallurgique (C.N.R.S.)
Classification
Médias
Autres références
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PLOMB, toxicologie
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 499 mots
Encore appelée saturnisme, l'intoxication au plomb résulte de l'accumulation de ce dernier dans les tissus humains, à la suite de l'exposition répétée aux objets ou aux aliments contenant ce métal.
À la maison, il s'agit des peintures recelant du plomb et de l'eau de boisson ayant...
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ÂGE DE LA TERRE
- Écrit par Pascal RICHET
- 5 143 mots
- 5 médias
...Kelvin ! On comprit ensuite que l’uranium et le thorium étaient les points de départ de longues chaînes de désintégration dont le terme commun était le plomb. La teneur en plomb accumulé dans un minéral uranifère constituait donc aussi un chronomètre. À Londres, Arthur Holmes (1890-1965) mit en œuvre... -
ALIMENTATION (Aliments) - Risques alimentaires
- Écrit par Jean-Pierre RUASSE
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Un exemple bien connu, toujours actuel bien qu'en régression, de contamination accidentelle est donné par la présence de plomb dans le vin. Provenant du traitement des vignobles par l'arséniate de plomb, de l'apport de plomb sur le raisin par les poussières du sol (principalement le long des routes,... -
ALLIAGES
- Écrit par Jean-Claude GACHON
- 7 362 mots
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ANTIMOINE
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Jean PERROTEY
- 3 875 mots
- 3 médias
...la production mondiale annuelle (qui s'élève à 70 000 t environ) est consommée comme élément durcissant dans les alliages à base d' étain et surtout de plomb. Les plaques des batteries d'accumulateurs, qui doivent présenter une grande résistance, sont constituées de plomb allié à environ 6 p. 100 d'antimoine.... - Afficher les 22 références