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PLUTARQUE (46 env.-env. 120)

Les « Œuvres morales »

De la masse de son œuvre, il ne subsiste guère que la moitié ; soit une centaine d'écrits sur quelque deux cent cinquante authentiques, la partie la moins amputée étant le corpus des Vies. Les Œuvres morales, qui restent constituées par plus de soixante-dix écrits, traitent en réalité de thèmes extrêmement variés. Il est vrai que les titres se rapportant à la philosophie populaire et à l'éthique, à la morale, sont les plus nombreux : Comment distinguer le flatteur de l'ami, Sur les progrès dans la vertu, Sur l'utilité des ennemis, Préceptes de santé, Préceptes de mariage, etc. ; près d'une trentaine. Néanmoins, à côté de ceux-là, nous trouvons des titres se rapportant à la philosophie proprement dite : deux concernant Platon, trois, les stoïciens, trois, les épicuriens, un, l'essence de l'âme ; à la théologie : Isis et Osiris, Le Démon de Socrate, La Superstition, quatre concernant l'oracle de Delphes ; à la politique : cinq, dont les Préceptes de politique ; à l'éducation : Comment le jeune homme doit écouter la poésie, Sur la manière d'écouter ; à la psychologie animale : quatre, dont Si les animaux sont doués de raison ; aux sciences physiques et naturelles : quatre, dont Le Visage qui apparaît dans la lune ; à la littérature : La Malignité d'Hérodote, Comparaison d'Aristophane et Ménandre ; à l'histoire : une dizaine, dont La Fortune des Romains ; ainsi que deux ouvrages tout à fait composites, Le Banquet des sept sages et Propos de table. Toute cette matière est organisée, sauf quand il s'agit d'ébauches, soit en forme de traité, d'essai, de dissertation, soit en forme de « dialogue ». Les premiers peuvent se présenter comme une lettre, s'apparenter à une harangue ou, généralement pour les écrits de jeunesse, à un exercice de rhétorique. Quant au « dialogue », il s'inscrit dans une tradition largement représentée depuis Platon, mais se relie directement à celui-ci malgré une nette différence de technique : chez Plutarque, point de succession rapide de questions et de réponses, mais une alternance de discours d'argumentation et de réfutation, avec un effort pour respecter la vérité psychologique des interlocuteurs, discours interrompus par des incidents dont le récit a pu servir de modèle aux créateurs de la nouvelle et du roman, au développement desquels Plutarque a donc d'une certaine manière contribué.

Quelle que soit la gravité des problèmes qu'il a pu traiter, Plutarque ne peut être qualifié de penseur. Il lui manquait cette vigueur créatrice de l'esprit qui est la marque de l'originalité ; parfait connaisseur des théories d'autrui, il n'en a produit lui-même aucune ; encore moins a-t-il élaboré de système. Son maître spirituel fut celui qu'il appelle son « divin Platon », même si son tempérament ou d'autres influences le poussèrent parfois à s'écarter de lui. De Platon provient sa croyance en un Dieu éternel, origine de tout Être et de tout Bien, qui toutefois fait bon ménage avec le panthéon de la religion populaire ancestrale, auquel un prêtre d'Apollon, initié de surcroît aux mystères de Dionysos, ne pouvait qu'être attaché. Aussi l'athéisme – une folie – et la superstition – une impiété – lui sont-ils insupportables. À l'égard des dieux étrangers, sa théologie, qui, à l'instar de celle de Platon, recourait volontiers aux mythes interprétés allégoriquement, adoptait des conceptions syncrétistes. Aucune allusion, cependant, chez lui, au mithracisme, ni au christianisme, ce qui paraît surprenant pour un esprit aussi curieux connaissant par contre, quoique fort inexactement, le judaïsme, qu'il considère comme une simple superstition. Pour expliquer le problème du Mal dans le monde, Plutarque croit à l'existence et à l'action de[...]

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur émérite à l'université de Clermont- Ferrand-II

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Autres références

  • AMYOT JACQUES (1513-1593)

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    Humaniste et prélat français, c'est en tant que traducteur que Jacques Amyot s'imposa comme grand écrivain. Né à Melun d'une famille modeste, « le Plutarque françois » fait à Paris de brillantes études, de grec notamment, et est reçu maître ès arts à dix-neuf ans. En 1534 ou...

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