Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PLUTONIUM

Propriétés physiques

Structure électronique

Situé dans la classification périodique des éléments entre le neptunium et l'américium, le plutonium appartient à la série des actinides. Sa structure électronique est complexe. Le nombre d'électrons de valence (ou électrons de conduction) varie avec la température et la pression. Pour l'atome libre, les couches K, L, M, N sont pleines. Dans la couche O, les niveaux s, p, d sont totalement occupés. La bande 5f n'est que partiellement remplie (six électrons), le niveau 5g est totalement vide. Dans la couche P, seuls les niveaux 6s et 6p sont complètement occupés. La couche Q ne contient que deux électrons au niveau 7s. La valence n'est donc que de deux pour l'atome libre.

À l'état métallique ou sous forme de composés, des transitions électroniques 5→ 6d, dont les niveaux d'énergie sont très voisins, permettent d'augmenter la valence.

Allotropie

À l'état solide, le plutonium existe sous six phases solides différentes :

a) Jusqu'à 110 0C, sa structure cristalline (phase α) est monoclinique (a = 0,618 3 nm ; b = 0,482 2 nm ; c = 1,096 3 nm ; β = 1010). Il se présente sous la forme d'agrégats de microcristaux aux contours très déchiquetés. Il est alors très dur.

b) À 110 0C, se produit la transition α → β, qui s'accompagne d'une augmentation de volume considérable (9,2 p. 100). La phase β est également monoclinique (a = 0,928 4 nm ; b = 1,046 3 nm ; c = 0,785 9 nm ; β = 92,130) ; en revanche, elle est superplastique (c'est-à-dire qu'elle peut subir sans rupture des taux d'allongement supérieurs à 100 p. 100).

c) La phase γ apparaît à  210 0C. Elle est orthorhombique à faces centrées (a = 0,315 9 nm ;  b = 0,576 8 nm ;  c = 1,016 2 nm).

d) À 312 0C, un nouveau changement de phase se produit (γ → δ). La phase δ est cubique à faces centrées (a = 0,463 7 nm). Son coefficient de dilatation est négatif. Ce fait exceptionnel peut s'interpréter par une promotion d'électrons de valence de la bande 5f à la bande 6d. Celle-ci, activée thermiquement, permet une réduction du rayon atomique.

La phase δ peut être stabilisée à la température ambiante par de faibles additions d'aluminium, de cerium, de gallium, de scandium, etc. Cela permet de tirer parti des excellentes propriétés mécaniques que présente un alliage cubique à faces centrées ; ductilité, d'où facilité de mise en forme, en particulier par laminage.

C'est la phase δ stabilisée qui est utilisée pour la fabrication des éléments combustibles employés dans certains générateurs isotopiques d'énergie.

L'émission propre des particules α crée des défauts cristallins dans le réseau cubique à faces centrées du plutonium, dus à l'« auto-irradiation ». Curieusement, les alliages plutonium δ stabilisés se contractent par auto-irradiation à 4 K. Les défauts formés – paires de Frenkel (lacune plus interstitiel) – provoquent donc une diminution globale du volume de l'échantillon. Ce résultat est unique en son genre. Il implique que le volume de formation d'une paire interstitiel-lacune dans le plutonium est négatif et peut s'interpréter également par une promotion d'électrons de valence des atomes en insertion.

e) La transformation δ → δ′ se produit à 467 0C. Alors que la symétrie cristalline de tous les métaux augmente lorsque la température croît, il n'en va pas de même pour le plutonium. La phase δ′ est quadratique (a = 0,334 nm ; c = 0,444 nm). Son coefficient de dilatation est négatif et son domaine d'existence en température très restreint.

f) À 478 0C, la phase δ se transforme en une phase cubique centrée (a = 0,363 6 nm) avec[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : chef honoraire de la section de métallurgie du plutonium et des actinides au Commissariat à l'énergie atomique
  • : ingénieur de l'École supérieure de physique et chimie industrielle de la Ville de Paris, assistant de directeur au Commissariat à l'énergie atomique, directeur de laboratoire au Centre de recherche de l'École centrale des arts et manufactures

Classification

Médias

Plutonium : principaux isotopes - crédits : Encyclopædia Universalis France

Plutonium : principaux isotopes

Superphénix - crédits : De Agostini

Superphénix

Autres références

  • AMÉRICIUM

    • Écrit par
    • 1 385 mots
    ...dans les combustibles nucléaires, où il peut être récupéré au cours de leur traitement chimique. Il se trouve mélangé à de nombreux autres éléments : le plutonium 239 ou l'uranium (c'est-à-dire le combustible) existent en quantités généralement importantes ; on trouve aussi les produits de fission et d'autres...
  • ARMES - Armes lourdes

    • Écrit par
    • 3 925 mots
    • 2 médias
    À masse égale réagissante, la fission de l'uranium 235 ou duplutonium 239 est dix-huit millions de fois plus énergétique que celle d'un explosif courant, comme le T.N.T. (trinitrotoluène). Mais la rapidité de l' explosion met si vite la charge fissile en configuration non critique que le...
  • CURIUM

    • Écrit par et
    • 1 228 mots
    ...travaillant au Metallurgical Laboratory de l'université de Chicago, isolèrent pendant l'été 1944 le premier isotope de l'élément 96 à partir de cibles de plutonium 239 bombardées par des noyaux d'hélium (particules alpha) accélérés au cyclotron de Berkeley (université de Californie). Le nouveau nucléide...
  • MANHATTAN PROJECT

    • Écrit par
    • 671 mots
    • 6 médias

    On désigne sous le nom de Manhattan Project le premier programme américain de réalisations scientifique et technique destinées à la fabrication de bombes atomiques à uranium 235 et à plutonium, élaboré par les autorités américaines en 1943. Les travaux entrepris, qui mobilisèrent un grand...

  • Afficher les 16 références