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POÈME DU CID (anonyme) Fiche de lecture

Unique chanson de geste espagnole, le Poème du Cid (Cantar de mio Cid), est resté inédit jusqu'au xviiie siècle. La date de la composition originale proposée par Ramón Menéndez Pidal serait 1140 ; les recherches récentes la fixent aux environs de 1200. Per Abbat, dont la signature apparaît sur le manuscrit daté de 1207, est-il l'auteur du Poème, ou seulement le copiste ? La question reste ouverte.

Les exploits du Cid

Le Poème comprend 3 730 vers ; il est composé de trois parties. La première est le « Chant de l'exil ». Banni sur ordre du roi Alphonse, le Cid Ruy Díaz quitte Bivar, accompagné de ses hommes d'armes. À Burgos, on lui refuse l'hospitalité par crainte des représailles du roi. Martin Antolínez, son neveu, lui apporte son aide ; il obtient, grâce à un stratagème, un prêt de deux banquiers juifs, Rachel et Vidas. Le Cid se rend alors au monastère de Saint-Pierre de Cardeña, afin d'y faire ses adieux à son épouse, doña Chimène, et à ses deux filles, doña Sol et doña Elvire. Chimène, avant le départ de son époux, dans une prière admirable, le confie à la protection du « Seigneur de gloire ». Le Cid, à qui l'ange Gabriel est apparu en songe, entreprend dès lors la conquête des terres occupées par les Maures. Il prend par les armes Castejón et Alcócer ; il envisage de conquérir Teruel et Saragosse. Le butin obtenu lui permet d'envoyer de riches présents au roi de Castille. Allié au roi musulman de Saragosse, il combat les armées du comte de Barcelone, qu'il fait prisonnier ; il lui prend son épéeColada, et lui rend la liberté, trois jours plus tard.

Dans la deuxième partie, « Le Chant des noces », le Cid, après plusieurs conquêtes, dont la place forte de Murviedro, est attaqué par les Maures de Valence. Il les met en déroute. Après un siège de neuf mois, il s'empare de la ville : « Deux rois des Maures en la chasse on tua ;/ Jusqu'à Valence la poursuite dura./ Grands sont les gains que mon Cid a faits là./ Ils prirent Cebolla et les terres en avant./ Seul put en réchapper qui força son cheval ! » Vainqueur du roi de Séville, il envoie, de nouveau, de riches présents au roi Alphonse VI et lui demande d'autoriser sa femme et ses filles à venir le rejoindre. La famille se réunit. Valence est alors assiégée par le roi du Maroc. Le Cid gagne la bataille. Le butin accumulé de toutes ces victoires est considérable. Le Cid envoie de nouveaux cadeaux à son roi. Alléchés par les richesses du Cid, les Infants de Carrión veulent épouser ses filles. Le roi Alphonse demande au Cid d'accepter cette proposition ; en échange, il lui accorde, son pardon. Le Cid accepte avec méfiance la proposition des Infants de Carrión, en qui il n'a guère confiance. Les noces sont célébrées.

« Le Chant de l'affront de Corpès » forme la troisième partie. Terrorisés par un lion qui s'est échappé de sa cage, les Infants se comportent piteusement. Une autre fois, alors que Valence est attaquée par le roi Búcar, ils se montrent tout aussi couards. Le Cid et toute la cour de Valence les tournent en dérision. Les Infants, humiliés, décident de se venger sur leurs épouses. Avec elles, ils partent en voyage pour revenir en Castille. Dans la rouvraie de Corpès, ils frappent cruellement leurs épouses à coups de fouets et d'éperons, et les laissent pour mortes. Sauvées par un de leurs cousins, elles rejoignent leur père. Après avoir retrouvé ses filles, le Cid en appelle à la justice du roi. Celui-ci convoque une assemblée à Tolède et ordonne aux Infants de s'y rendre. Après avoir récupéré l'argent de la dot de ses filles et les épées Tizona et Colada, dont il avait fait cadeau aux Infants, le Cid les défie pour réparer son honneur. Dans le duel qui a lieu dans la plaine de Carrión, les tenants du Cid donnent la mort aux Infants.[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

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