POÈME DU CID (anonyme) Fiche de lecture
Un idéal chevaleresque
L'exaltation de l'idéal de la chevalerie qui se dégage de cette « geste cidienne », selon l'interprétation proposée par Georges Martin, se fonde sur l'opposition des valeurs de « mérite » – se référant à l'activité guerrière – et de « naissance » ou de « lignage ». Le poème met en relief le clivage qui oppose deux catégories sociales. Il exalte la relation de fidélité, dans une réciprocité de confiance personnelle, entre le vassal et son suzerain, aux dépens des prérogatives de la noblesse, inaugurant ainsi une forme nouvelle de l'État de droit.
Le personnage historique, Rodrigo Díaz de Bivar (vers 1043-1099), héros de la Reconquête du territoire envahi par les Maures, est mal connu. De petite noblesse, il servit d'abord Sanche II de Castille (1065-1072), puis son successeur, Alphonse VI (1072-1109), roi de León et de Castille, par lequel il fut deux fois banni. Tantôt adversaire, tantôt allié des Maures, il fit la conquête du royaume de Valence (1094). Ses filles épousèrent des princes. Les Almoravides, qu'il combattit, lui donnèrent le titre de Sidi, « le chef ». S'il prend beaucoup de libertés avec les événements réels, le Poème du Cid n'en a pas moins un fondement historique important. En tout cas, il a contribué à élaborer de façon magnifique la figure épique du Cid, célébrée dans le Romancero(xve siècle), avant de devenir le héros de la comedia de Guillén de Castro, Las Mocedades del Cid (1618), qui inspira directement la géniale recréation de Corneille, Le Cid (1636).
Dans la conscience nationale de l'Espagne, le personnage du Cid, tel qu'il est célébré dans le Poème, est demeuré longtemps une figure de référence majeure.
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Écrit par
- Bernard SESÉ : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española
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