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POÉSIE ET VÉRITÉ, Johann Wolfgang von Goethe Fiche de lecture

Johann Wolfgang von Goethe - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

Johann Wolfgang von Goethe

J. W. von Goethe (1749-1832) avait soixante ans lorsqu'il commença à composer la première partie de son autobiographie, dont le plan fut achevé en octobre 1809. La publication des trois premières parties, divisées chacune en cinq livres, s'échelonna entre 1811 et 1814. La quatrième partie, ébauchée en 1816, achevée en 1831, fut publiée à titre posthume, par les soins d'Eckermann, en 1833. Cette autobiographie s'arrête en 1775 : cette année-là, renonçant à partir pour l'Italie, Goethe décida d'accepter les importantes responsabilités administratives que le duc de Weimar souhaitait confier au déjà très célèbre auteur de Werther (1774). Le livre ne saurait être considéré comme une œuvre isolée, mais prend place dans un projet autobiographique dont font également partie Le Voyage en Italie et Les Annales.

Une œuvre fondatrice

Poésie et vérité revêt pour la littérature allemande une importance comparable à celle des Confessions de Jean-Jacques Rousseau, dont Goethe avait salué avec enthousiasme la publication des premiers livres, à Genève, au printemps 1782, quatre ans après la mort de leur auteur. C'est une œuvre fondatrice du genre, au point que, dans les pays de langue allemande, tous les auteurs d'autobiographie, au xixe et au xxe siècle, se définiront par rapport à elle. En réalité, Poésie et vérité peut aussi être opposé aux Confessions. Goethe n'a rien à « confesser », rien à justifier, rien à rectifier : il raconte le « roman de formation » d'une personnalité, la sienne, comme s'il était l'historien de lui-même, avec une sereine objectivité, revisitant ses souvenirs d'enfance et de jeunesse comme un lieu de mémoire à la fois intime et collectif. Il sait qu'il est devenu un des monuments des lettres européennes. Il mène sa recherche du temps perdu pour apporter une contribution à l'histoire culturelle et littéraire de son temps, tout en reprenant le modèle narratif des Années d'apprentissage de Wilhelm Meister(1794-1796). De sorte que Poésie et vérité se lit avec autant d'agrément qu'un roman dont Goethe serait le héros, et avec autant d'intérêt qu'un ouvrage historique.

Chaque période de l'enfance et de la jeunesse à Francfort, des études universitaires à Leipzig, puis à Strasbourg, chaque récit de voyage, chaque portrait d'une personne rencontrée donne à Goethe l'occasion d'analyser les courants esthétiques et philosophiques, religieux et politiques de son temps. Même s'il parle avec ironie de tel épisode ou de telle personnalité, c'est toujours avec le même souci de vérité, de mesure et d'équité. Il arrive que l'écrivain s'attarde sur une figure pour laquelle il n'éprouve pas de sympathie, comme il le fait, au début du livre XIV, avec l'homme difficile et le génie tourmenté que fut Jakob Michael Reinhold Lenz, mais c'est alors pour dépasser la dimension individuelle et anecdotique du récit afin d'interpréter l'époque tout entière. Lenz était un exemple frappant de ce « tourment de soi-même » qui faisait de l'observation de soi une torture déprimante, au point que la sagesse de Goethe le considère comme une expression pathologique de l'individualisme contemporain.

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