POÉSIES, Catulle Fiche de lecture
Les Poésies de Catulle, c'est-à-dire le Liber Valerii Catulli, est un recueil dû à Gaïus Valerius Catullus (82-52 av. J.-C.), comprenant cent seize pièces, ordonnées à la fois selon leur genre et leur structure métrique : au début et à la fin des poèmes plus courts, des sujets légers, le corps du texte étant formé d'œuvres savantes et plus développées.
Le miroir d'une âme
Si l'amour pour Lesbie – c'est-à-dire dans la réalité la belle et infidèle Clodia, sœur du tribun Clodius – domine l'œuvre poétique de Catulle, l'ensemble se présente comme un journal ouvert à tous les aspects de la vie. Celle de l'auteur, faite de bonheurs et de désillusions, hantée par le sentiment de l'inéluctabilité de la mort, nous sert de fil conducteur dans un ouvrage qui se veut exemplaire du destin de chaque homme. Les poèmes chantent à la fois la joie de l'amour et les souffrances de la passion : « Voilà où mon âme en est venue, ma Lesbie, par ta faute ; voilà à quel point elle s'est perdue elle-même par sa fidélité ; désormais elle ne peut plus te chérir, quand tu deviendras la plus vertueuse des femmes, ni cesser de te désirer, quand tu ferais tout pour cela » (75).
Catulle donne ici également des épithalames, pièces offertes aux jeunes époux lors de leur mariage, célébrant le dieu Hyménée qui les unit ; des poèmes mythologiques, Les Noces de Thétis et de Pélée, La Chevelure de Bérénice ; des dialogues sur des thèmes convenus, depuis les remerciements à un ami jusqu'à la consolation élégiaque sur la mort d'un proche. Toutefois, il sait user de son art pour dépasser cet aspect convenu, et donner à chacune de ces interventions une tonalité personnelle, familière et sentimentale, qui les rendent aussi attachantes que les autres pièces, où l'imagination paraît plus libre.
Catulle lui-même se représente en « moineau de Lesbie », qui a bien du mal à mener à bon port la barque de sa vie et à concilier les antinomies, l'intense brièveté du plaisir et la volonté d'un amour durable. Il met son art de la satire au service de sa vindicte, visant tour à tour l'infidèle Clodia, les favoris arrivistes de l'entourage de César, les jeunes jouisseurs prêts à tout pour assouvir leur soif de plaisir. En dépit de ses propres débauches, Catulle se dit respectueux de la morale ancestrale. De même, c'est en vrai Romain, même s'il est pétri d'hellénisme, qu'il soumet son existence au destin, tout en gardant dans une large mesure son libre arbitre. Le paradoxe n'est qu'apparent : l'œuvre du poète regorge de ces antinomies qui en font toute la richesse.
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Écrit par
- Jean-François PÉPIN : agrégé d'histoire, docteur ès lettres, professeur au lycée Jean-Monnet, Franconville
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