POÉSIES, Stéphane Mallarmé Fiche de lecture
Une expérience des limites
Culte du sens, exigence du livre, travail jusqu'aux limites de la syntaxe et de tous les niveaux d'articulation, depuis l'architecture du recueil jusqu'aux conjonctions de l'adjectif ou du pronom, les préoccupations de Mallarmé apparurent à ses contemporains immédiats – fussent-ils ironiques – comme aux lecteurs du siècle suivant tout à la fois exceptionnelles et mystérieuses. Telles qu'en elles-mêmes enfin, à travers leurs éditions successives, les Poésies servirent de modèle négatif (sans héritier possible) aussi bien aux symbolistes qu'aux surréalistes (Breton notamment, Leiris qui vit en Mallarmé un « professeur de morale », jusqu'au jeune Yves Bonnefoy). Puis vint l'interrogation, après-guerre, sur la critique du sens en jeu dans ces poèmes et la portée intellectuelle de cette poétique : de Sartre à Blanchot, de Ponge à Queneau, les revendications et les hommages saluèrent à la fois l'expérience des limites et la lucidité langagière, jusqu'aux analyses théoriques plus récentes de Derrida, Kristeva ou Deleuze. Cette variation de lectures et de points de vue accompagne l'exceptionnel mouvement du recueil, d'édition en édition : l'édition de poche préfacée d'abord par Sartre, puis par Bonnefoy, les éditions en Pléiade de H. Mondor et G. Jean-Aubry (1945) puis B. Marchal (1998), désignent ce livre, un siècle après sa parution, comme un objet historique sans équivalent, tout à la fois moteur de pensée et d'écriture et support d'une lecture réellement vivante.
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Écrit par
- Pierre VILAR : maître de conférences à l'université de Pau et des pays de l'Adour, faculté de Bayonne
Classification
Média
Autres références
-
RIEN (philosophie)
- Écrit par Jean GREISCH
- 1 252 mots
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