Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LYONNAIS POÈTES

Derniers feux

L'inspiration lyonnaise n'était pas encore tarie. En 1556, Claude de Taillemont publiait sa Tricarite, et l'année suivante Philibert Bugnyon ses Erotasmes de Phidie et Gelasine. Ces recueils sont restés dans la pénombre, en attendant des éditions modernes. Taillemont est davantage connu comme l'auteur des Discours des Champs faëz et le collaborateur de Scève et de Du Choul lors de l'entrée du roi à Lyon en 1548. Bugnyon, quant à lui, est peut-être un écrivain moins varié, moins riche que Taillemont, mais il est loin d'être négligeable, et comme ce dernier il connaissait bien l'Arioste. Taillemont, qui n'a pas utilisé le sonnet, a traduit certaines parties du Roland furieux : son exemple montre que les Lyonnais étaient prêts à s'engager dans des voies nouvelles.

Les poètes lyonnais, de quelque façon qu'on cherche à les définir, ne forment peut-être pas une école proprement dite, mais ils ne laissent pas d'avoir une identité très marquée. La conjoncture des poésies néo-latine et française a été très féconde au seuil de la Pléiade (elle permit l'acclimatation de nouveaux thèmes et de genres classiques) ; de plus, si les Lyonnais ont beaucoup fait pour la pénétration du pétrarquisme en France, ils ont refusé de s'en tenir aux poncifs qu'ils ont plutôt utilisés comme tremplins, afin de faire valoir leur propre originalité. Ils ont ainsi assoupli les structures formelles de la poésie, enrichi le vocabulaire poétique et assimilé des éléments philosophiques qui ont fait leur chemin dans la poésie française. Après 1560 environ, la poésie lyonnaise a peut-être perdu un peu de son élan, en partie parce que la capitale reprenait le rôle qu'elle avait tenu au début du siècle. En comblant une lacune, Lyon a donc puissamment contribué à l'évolution de la poésie française de la Renaissance.

— Ian Dalrymple MCFARLANE

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur de littérature française à l'université d'Oxford, fellow de Wadham College

Classification

Autres références

  • DÉLIE, Maurice Scève - Fiche de lecture

    • Écrit par
    • 825 mots

    Délie objet de plus haute vertu parut en 1544 à Lyon. C'était le premier canzoniere, c'est-à-dire le premier recueil de poèmes amoureux à la manière de Pétrarque publié en France.

  • HÉROËT ANTOINE (1492 env.-1568)

    • Écrit par
    • 274 mots

    L'un des poètes les plus importants de l'école lyonnaise. Heroët a une situation de poète officiel et, à ce titre, écrit plusieurs pièces de circonstance, en particulier l'épitaphe de Louise de Savoie et plus tard celle de Marguerite de Navarre, avant d'entrer dans la vie ecclésiastique...

  • FRANÇAISE LITTÉRATURE, XVIe s.

    • Écrit par
    • 6 760 mots
    • 3 médias
    La seconde époque est celle de l’école lyonnaise. Seconde ville du royaume, ou troisième en concurrence avec Rouen, Lyon abrite une importante communauté italienne. Des livres italiens y sont imprimés, de la musique italienne y est composée. Son principal représentant est Maurice Scève (1501...
  • PÉTRARQUE (1304-1374)

    • Écrit par et
    • 5 478 mots
    • 1 média
    ...esthète heureux, comblé par les aubes et les printemps de l'Anjou, dans les paysages du fantasme. Parallèlement, il opte pour un style un peu plus simple. D'autres poètes au contraire ont préféré un pétrarquisme plus abstrait, en particulier les écrivains de l'école lyonnaise, Scève et Tyard. Les ...