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POÉTIQUE, Aristote Fiche de lecture

Aristote - crédits : Photos.com/ Jupiterimages

Aristote

On a pu dire de la poétique conçue comme discipline que son histoire coïncidait pratiquement avec celle de la réception de la Poétique (Poiètikè) d'Aristote (env. 385-env. 322 av. J.-C.), composée vers 340 avant J.-C. Peu d'ouvrages, en effet, ont ainsi connu une vie autonome, et d'aussi longue durée, au point de devenir, à travers les lectures successives qu'ils ont suscitées, un univers à eux seuls. Presque inconnu de l'Antiquité et du Moyen Âge, ce texte est devenu une référence capitale pour les écrivains des Temps modernes – les littératures nationales s'étant construites en rivalité active avec les Anciens. Le renouveau de la théorie littéraire, au xxe siècle, lui a également valu un regain d'intérêt.

La poésie comme art mimétique

Le texte qui nous est parvenu est pourtant l'un des plus imparfaits d'une œuvre elle-même soumise à beaucoup d'aléas dans sa transmission. Il n'a pas de plan apparent, semble très peu rédigé (certains philologues le considèrent plutôt comme un ensemble de notes réservé à l'usage privé du maître). Surtout, il est incomplet : l'essentiel est consacré à la tragédie (comparée pour finir à l'épopée, au chapitre 26 et dernier) ; manque la partie annoncée sur la comédie (et à laquelle fait allusion un autre ouvrage d'Aristote, la Rhétorique). L'omission de la poésie lyrique pourrait être en revanche volontaire. Le caractère subjectif de celle-ci cadre mal avec la conception que se fait Aristote de l'essence de la poésie ; néanmoins on ne trouve pas à proprement parler d'unification entre l'approche conceptuelle (l'imitation, chapitre 1 ; les « parties constitutives » de la tragédie, chapitre 6) et l'approche plus descriptive (par exemple l'avant-dernier chapitre, consacré aux « problèmes » homériques). L'exemple le plus net en est la tension perceptible entre le primat théorique accordé à la tragédie, idéal de la poésie, et l'admiration critique pour Homère, qualifié de « poète par excellence » (1448b 34).

La caractérisation de la poésie par la mimèsis (terme tellement surchargé d'interprétations qu'on hésite parfois aujourd'hui à le traduire simplement par imitation, pour lui préférer « représentation » – mais au risque d'atténuer le lien avec ce qu'Aristote considère comme une activité instinctive) vaut réhabilitation. Là où Platon, dans la République, condamnait un art d'illusion, Aristote soutient que la poésie, comparée au récit historique préféré par Platon, est « plus philosophique et plus noble » (1451b 5), car moins soumise au particulier. Il donne de la tragédie une définition devenue fameuse : « l'imitation d'une action noble, conduite jusqu'à sa fin et ayant une certaine étendue » (1449b 25), « formant un tout » (1450b 25), et qui, « par l'entremise de la pitié et de la crainte, accomplit la purgation des émotions » (1449b 27).

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