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POÉTIQUE

Domaines d'analyse

Le structuralisme et la sémiotique ont abordé tous les aspects des études littéraires. Mais leurs contributions les plus décisives se situent pour l'essentiel dans quatre domaines :

– L'analyse des techniques narratives ( narratologie). Bien que des poéticiens d'obédiences diverses aient apporté des contributions importantes à l'analyse narrative, c'est un travail d'inspiration structuraliste, Le Discours du récit (1972) de Gérard Genette, qui constitue jusqu'à ce jour la référence fondamentale. Il aborde en effet tous les aspects importants de l'activité narrative, qu'il s'agisse des relations entre le temps de l'histoire racontée et le temps du récit qui raconte, de la régulation de l'information narrative (quel est le point de vue adopté ?) ou encore du statut du narrateur. Appliquées originairement au seul récit de fiction, les catégories de la narratologie ont plus tard été mises à l'épreuve dans l'analyse d'autres types de récits – notamment l'autobiographie (chez P. Lejeune) et les récits factuels de type historique – et complétées par l'analyse de la description littéraire (avec P. Hamon).

– L'analyse thématique. Alors que la narratologie se penche sur la narration de l'histoire, l'analyse thématique étudie la structure de l'histoire racontée. Trouvant une source d'inspiration importante dans l'analyse fonctionnelle du conte russe proposée par Vladimir Propp dès 1927, l'analyse thématique a produit de nombreux modèles théoriques essayant de dégager la structure de l'action narrative : Roland Barthes, dans S/Z (1970), a proposé une taxinomie des différents codes régissant la présentation de l'intrigue ; Claude Bremond a tenté de dériver la structure du récit d'une logique (anthropologique) des actions ; Tzvetan Todorov y a vu une projection discursive d'une cellule narrative minimale existant déjà au niveau de la relation propositionnelle entre sujet et prédicat ; l'école d'Algirdas-Julien Greimas a tenté de dériver la « structure de surface » des récits à partir d'une structure sémantique (atemporelle) censée produire la structure actantielle (temporelle) du récit à travers un certain nombre de transformations, conçues en analogie à celles étudiées en grammaire générative. En s'appuyant en partie sur ces divers modèles développés par l'analyse structurale, Paul Ricœur, dans Temps et récit (1983-1985), a proposé une théorie générale du récit visant à éclaircir sa fonction philosophique et existentielle.

– Rhétorique et stylistique. Le romantisme s'était élevé contre la rhétorique, conçue comme théorie d'une expressivité réglée et codée, pour la remplacer par la stylistique, conçue comme étude de l'écart expressif. La poétique structuraliste s'est évertuée à dépasser cette opposition. D'où un renouveau d'intérêt pour la rhétorique, marqué à la fois par de nombreuses études consacrées à la métaphore ou à la métonymie – deux figures jouant un rôle structurant dans la poésie (la métaphore) et dans le récit (la métonymie) – mais aussi par une réactivation du projet taxinomique global des anciennes rhétoriques, dont témoigne le Groupe μ.

– Poésie et métrique. Bien que la poétique structuraliste ait privilégié l'analyse de la littérature narrative sur celle de la poésie, des travaux importants ont été consacrés à l'analyse des structures poétiques : on citera notamment le texte de Jean Cohen, Structure du langage poétique (1966), la description linguistique d'un sonnet de Baudelaire par Roman Jakobson et Claude Lévi-Strauss, ainsi que l'analyse des parallélismes (phonique, syntaxique et sémantique) en poésie due à Nicolas Ruwet.[...]

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