POGONOPHORES
Anatomie, physiologie
Le système nerveux, peu distinct de l'épiderme, a une organisation très primitive. Il forme un plexus continu avec des épaississements locaux de cellules ganglionnaires. Dans le protosome, un massif volumineux dorsal de cellules nerveuses unipolaires et multipolaires constitue le « cerveau », relié à un anneau ventral d'où partent les nerfs tentaculaires. Le cerveau envoie en outre un cordon nerveux dorsal qui s'étend jusqu'à l'extrémité postérieure en s'élargissant au niveau d'une bandelette ciliée du métasome.
L'équipement sensoriel se compose surtout de récepteurs disséminés principalement dans le lobe céphalique ; la bandelette ciliée dorsale de la région antérieure du métasome est interprétée comme étant un chimiorécepteur.
L'appareil circulatoire comprend deux vaisseaux longitudinaux principaux, l'un dorsal, l'autre ventral, reliés en circuit fermé en avant par les vaisseaux des tentacules, et en arrière par des anastomoses latérales. La paroi du vaisseau ventral, localement épaissie et renforcée en éléments musculaires au niveau du protosome, joue le rôle de cœur. On manque d'observations sur la circulation sanguine ; on admet que le cœur propulse le sang vers les tentacules. Ainsi la circulation serait postéro-antérieure dans le vaisseau ventral et antéro-postérieure dans le vaisseau dorsal.
La cavité générale des Pogonophores est un vrai cœlome formé de trois parties correspondant aux différents segments du corps. Le cœlome du protosome, ou protocœle, de taille réduite, envoie des diverticules dans les tentacules. Une paire de fins canaux ciliés met en communication la cavité cœlomique avec l'extérieur ; ils ont sans doute un rôle dans l'excrétion et sont interprétés soit comme des cœlomoductes, soit comme des néphridies. Le mésocœle (cœlome du mésosome) est une paire de sacs cœlomiques occupant tout le segment, sans communication avec l'extérieur. Le métacœle est formé aussi de deux sacs pairs s'étendant sur toute la longueur du tronc. Certaines cellules de l'épithélium cœlomique se chargent de granulations diverses brunâtres (produits d'excrétion) et fonctionnent ainsi comme un rein d'accumulation. Les deux cœlomoductes du métacœle assurent l'évacuation des produits génitaux.
L'absence complète de tube digestif, déjà notée par Caullery chez Siboglinum, a été observée depuis chez tous les Pogonophores connus. Il n'y a donc ni bouche ni anus, et à aucun stade du développement on n'observe de cavité digestive. C'est une situation unique parmi les Métazoaires non parasites. On admet que les tentacules assurent l'absorption et la digestion des aliments. Constitués de divers types de cellules épithéliales disposées autour d'un diverticule axial du protocœle, les tentacules longs et grêles portent, alignés sur leur bord interne, de curieux prolongements cellulaires parcourus par des capillaires sanguins, les pinnules. L'ensemble des tentacules, jointifs ou partiellement soudés les uns aux autres, délimite une cavité ouverte à son extrémité distale. Les mouvements ciliaires créent un courant d'eau qui entraînerait au fond de cette cavité les particules et micro-organismes alimentaires. Ceux-ci seraient digérés par l'action de cellules glandulaires (digestion extra-cellulaire), et l'absorption se ferait au niveau des pinnules.
Chez les Siboglinum, la cavité tentaculaire est réalisée par l'enroulement en spirale du tentacule unique.
Depuis 1979, des recherches ont mis en évidence dans un tissu particulier (le trophosome) du métasome de plusieurs espèces (Siboglinum, Riftia...) de Pogonophores provenant de biotopes variés, de bactéries autotrophes chimiosynthétiques. Ces bactéries élaborent des substances organiques à partir de CO[...]
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Écrit par
- Yves FRANÇOIS : ancien professeur à la faculté des sciences, université de Paris-VII
Classification
Médias
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