POITIERS
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Poitiers, chef-lieu de la Vienne et capitale régionale de Poitou-Charentes jusqu’au 31 décembre 2015, compte 90 340 habitants dans la ville et 138 760 dans l'agglomération (2012). Cette cité du Haut-Poitou dispose d'une bonne situation géographique, sur le seuil du Poitou. Lieu de communication entre le Bassin parisien et le Bassin aquitain, entre le Massif central et le Massif armoricain, Poitiers est un centre de pouvoir et d'échanges.
La vieille ville, sur un haut tertre calcaire, au confluent du Clain et de la Boivre, est un promontoire ayant permis d'asseoir l'influence de la cité. Les premiers éléments monumentaux datent de l'époque gallo-romaine où la ville, appelée Limonum, était la capitale des Pictaves. Les vestiges de l'enceinte du iiie siècle restent visibles en plusieurs endroits. Les témoins du haut Moyen Âge (hypogée des Dunes, baptistère Saint-Jean, l'un des plus anciens monuments chrétiens d'Europe) sont remarquables. Les églises constituent l'essentiel du patrimoine prestigieux de Poitiers – Notre-Dame-la-Grande, célèbre pour sa façade, Montierneuf, Saint-Porchaire, Sainte-Radegonde, Saint-Hilaire-le-Grand –, lui valant, à juste titre, le surnom de « ville aux cent clochers ». Ce patrimoine est dû, en partie, à l'action de plusieurs personnages importants, notamment sainte Radegonde qui fonda le premier monastère de femmes ou saint Hilaire, dont le tombeau se trouve dans l'église qui porte son nom.
L'aire d'influence de Poitiers est celle d'un espace d'appropriation foncière et de prélèvement rentier par les élites urbaines dominantes ; elle reste la même jusqu'à la révolution industrielle du xixe siècle. Les circonscriptions administratives, fiscales ou religieuses du Moyen Âge à la fin de l'Ancien Régime dessinent un pays poitevin, avec un rayon d'une vingtaine de kilomètres autour de la ville-centre, qui correspond à l'aire urbaine délimitée par le recensement de 1982. L'aristocratie et la bourgeoisie poitevines, liées en particulier à l'administration comtale puis royale, ont étendu leur pouvoir sur ces campagnes ecclésiastiques jusqu'au xixe siècle.
Après la Seconde Guerre mondiale, le vieux Poitiers a été doublé d'une vaste ceinture comprenant une ZUP (les Couronneries) et des zones pavillonnaires. L'urbanisation prend toute son ampleur avec la création, dans les années 1950, de plusieurs cités à l'ouest et au sud de la ville. S'opposent un vieux centre urbain, marqué par l'héritage médiéval, et des quartiers périphériques qui regroupent l'essentiel de la population. L'agglomération bénéficie d'une industrialisation discrète au cours des années 1960-1970, avec l'accueil de Schlumberger, Leclanché, Dassault, Michelin.
L'agglomération a vu le nombre d'emplois augmenter, notamment les emplois administratifs de la capitale régionale, des secteurs de la santé et de l'éducation mais aussi services aux entreprises privées. La répartition par catégorie socioprofessionnelle révèle un fort pourcentage de cadres et professions intellectuelles supérieures, mais c'est la catégorie « employés » qui est la plus importante, dont la moitié dans la fonction publique. Beaucoup occupent des emplois supérieurs dans la recherche, les enseignants du supérieur constituant la majorité des emplois de cette fonction. La capitale régionale a une forte tradition universitaire, liée à la fondation de l'université en 1431.
La recherche publique est exercée dans une quarantaine de laboratoires, la moitié d'entre eux associés au CNRS ; la recherche privée est également présente, soit dans des organismes de recherche, soit dans des entreprises industrielles (SAFT, Schlumberger...). Poitiers se distingue également par ses activités dans le domaine de l'information (en particulier avec le CNED – Centre national d'enseignement à distance) et par l'importance des cadres des télécommunications.
L'ouverture, dès 1987, d'un parc européen de l'image (le Futuroscope), sur la zone de Jaunay-Clan à 10 kilomètres au nord de Poitiers, a entraîné le développement de trois types d'activités : d'une part, l'accueil de touristes et de congressistes favorisant le développement de l'hôtellerie ; d'autre part, l'accueil d'entreprises privées ; enfin, des activités universitaires et de recherche. Ce pôle, créé ex nihilo, constitue, au sein de l'aire urbaine, avec Poitiers-ville, une double centralité, qui a accentué l'étalement urbain et aiguisé les concurrences institutionnelles.
Dès 1965 a été créé le district de Poitiers regroupant au départ six communes – treize depuis le 1er janvier 2013 –, doté de compétences (développement économique, aménagement de l'espace, environnement, tourisme...) qu'il a renforcées lors de sa transformation en communauté d'agglomération de Poitiers en décembre 1999. Celle-ci est renommée le Grand Poitiers en 2015. L'objectif est de positionner la ville comme « centre serveur » de services aux entreprises à l'échelle interrégionale, de régénérer sa fonction historique de carrefour infrastructurel et culturel (inauguration d'un théâtre-auditorium en 2008), enfin de bâtir une organisation plus durable de son développement urbain et économique.
Bien desservie par les grandes infrastructures de communication – TGV et autouroute A10 –, l'agglomération de Poitiers est tiraillée entre deux centres, Poitiers-ville et Futuroscope, qui développent des polarisations partielles, à l'image de l'université partagée entre le campus créé en 1970, les implantations rénovées du centre-ville et le parc du Futuroscope, avec ses centres de recherche, son école d'ingénieurs. L'agglomération pourrait entreprendre d'intégrer la cité industrielle de Châtellerault, située à seulement 30 kilomètres au nord, afin de doter la région Poitou-Charentes d'une conurbation de l'ordre de 250 000 habitants.
Ville au patrimoine historique important, Poitiers a misé sur la recherche, sur une activité économique dynamique pour assurer son développement, et conforter son rôle de capitale régionale, dont elle est déchue au profit de Bordeaux, désignée chef-lieu de la grande région Nouvelle-Aquitaine.
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Écrit par
- Yves JEAN : professeur des Universités, géographe, université de Poitiers
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