POLDER
L'exemple néerlandais
La poldérisation était connue des Sumériens et des Étrusques avant que les Néerlandais ne deviennent les maîtres de cet art.
Les premières digues ont probablement été élevées en Frise et en Flandre ainsi qu'en Zélande dès avant le ixe siècle. Entre ces deux régions, la Hollande ne commence la poldérisation que vers le xiie siècle ; dès le xiiie siècle, elle vient au premier rang des pays qui conquièrent sur la mer ; mais les grandes conquêtes datent du xvie et du xviie siècle (Siècle d'or) ; au xvie siècle, ce furent surtout des polders d'endiguement avec Andries Vierlingh, dijkmeester (maître de digue) de Guillaume le Taciturne ; au xviie siècle, ce furent les polders d'assèchement avec le technicien des moulins, Jan Adriaensz von Leeghwater.
La poldérisation reprend au xixe siècle, illustrée par l'assèchement du Haarlemmeer, en 1852, grâce à la pompe à vapeur, et surtout au xxe siècle, avec le Zuiderzee. Conçus par Cornelius Lely, les travaux commencent en 1919 et la digue de fermeture est terminée le 28 mai 1932 ; le Wieringermeerpolder a été asséché en 1932 (20 000 ha), puis le Noordoostpolder (48 000 ha), en 1942 ; le Flevoland oriental (54 000 ha) est mis à sec en 1957 et son aménagement agricole est mené à bien dans les années 1970 ; le Flevoland méridional a émergé en 1968. Au total, les Néerlandais ont conquis 750 000 hectares.
Les autres pays européens font souvent appel aux Néerlandais, qui poldérisent les rivages de la mer du Nord et de la Baltique, en Allemagne, au Danemark, en Russie. En Angleterre, dans l'est du pays, les Fens ont une longue histoire et ne furent asséchés qu'au milieu du xviie siècle. De la même manière, en France, une lutte fut menée pour la conquête du Marais de Dol, du Marais breton, du Marais de Luçon ; le Marais-Vernier ne fut aménagé qu'en 1947 et le Marais poitevin de 1961 à 1963 ; dans le Nord, les Moëres, asséchées par Cobergher en 1617, furent aussitôt réinondées pour des raisons militaires et asséchées à nouveau seulement en 1826. En Italie, les Marais pontins, au sud de Rome, ont dû attendre la « bonification intégrale » du régime mussolinien.
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Écrit par
- André GAMBLIN : professeur émérite à l'université des sciences et technologies de Lille
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