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POLIOMYÉLITE

Prophylaxie et vaccination

Les mesures générales (isolement des malades, contrôle des aliments) sont inefficaces contre la diffusion du virus dans une communauté infectée. Le pouvoir protecteur de la prophylaxie passive par les gammaglobulines spécifiques est aléatoire et de courte durée. Seule la vaccination a endigué l'extension de la maladie.

Il existe deux types principaux de vaccins :

– les vaccins inactivés(dits tués), dans lesquels le virus, transformé en antigène incapable de se reproduire, est introduit dans l'organisme par voie sous-cutanée ou intramusculaire en quantité suffisante pour provoquer l'apparition d'anticorps protecteurs ;

– les vaccins atténués(dits vivants), dans lesquels l'administration par voie orale d'une petite quantité de virus sélectionnés, non paralytogène, provoque par multiplication dans l'intestin une infection inapparente à laquelle l'organisme réagit par une résistance locale suivie de l'apparition d'anticorps dans le sang circulant.

Les deux types de vaccins ont été appliqués à des groupes de population atteignant des centaines de millions d'individus, et les résultats ont été, dans les deux cas, satisfaisants.

Vaccins inactivés

Jonas Salk - crédits : Encyclopædia Universalis France

Jonas Salk

La culture du virus de la poliomyélite, due à J. F. Enders, T. H. Weller et F. C. Robbins (1949), a rendu possible la production de virus en quantités suffisantes pour fabriquer des vaccins inactivés qui, du fait de la sécurité qu'ils présentent, ont été les premiers mis au point : procédés américain (Salk, 1954), français (Lépine, 1955), suédois (Gard, 1955). Tous comportent la culture du virus sur des cellules rénales de singe ; le virus est ensuite séparé des débris cellulaires et inactivé complètement par un procédé combiné (formol et chaleur ; formol et β-propiolactone ; formol et glycine), pendant une durée telle que le virus ne doit plus être capable de provoquer la paralysie, même lorsqu'il est injecté par voie intracérébrale chez le singe. La vaccination comporte l'injection de trois doses de vaccin espacées de trois semaines au moins d'intervalle, suivie un an après d'une injection de rappel. On peut associer le vaccin inactivé à d'autres vaccins (diphtérique, tétanique, coquelucheux), ce qui facilite l'immunisation des enfants.

Le perfectionnement des méthodes de culture (fermenteurs de grande capacité) et de purification du virus a conduit à l'obtention de vaccins inactivés dotés d'un pouvoir immunisant élevé et dont la complète innocuité est appréciable.

Vaccins atténués

Des souches sélectionnées de chacun des trois types du virus, spontanément ou artificiellement atténuées, sont capables de se multiplier dans l'intestin des sujets vaccinés, mais elles ont suffisamment perdu leur neurotropisme pour ne plus causer de paralysies. Trois séries de souches atténuées ont été essayées (H. Koprowski, 1956 ; A. B. Sabin, 1955 ; H. R. Cox, 1959). Aujourd'hui, à la suite d'incidents divers, seules les souches Sabin sont utilisées à une large échelle dans le monde car ce sont les plus atténuées. Adoptée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour sa campagne d'éradication, la vaccination par virus atténué, qui est administrée par voie orale, a montré une grande efficacité du point de vue épidémiologique. La sécurité des vaccins atténués est raisonnablement assurée et leur application n'expose pas les vaccinés, dans les conditions normales, à un danger particulier.

Le taux de conversion – c'est-à-dire la proportion des individus qui, à l'issue de la vaccination, ont acquis un titre d'anticorps significativement protecteur – a été diversement apprécié suivant les régions et les populations vaccinées.

Il faut retenir à cet égard que :

– les taux de conversion sont[...]

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Écrit par

  • : professeur honoraire de l'Institut Pasteur, membre de l'Académie des sciences et de l'Académie nationale de médecine

Classification

Médias

Vaccination contre la poliomyélite - crédits : Thurston Hopkins/ Picture Post/ Getty Images

Vaccination contre la poliomyélite

Jonas Salk - crédits : Encyclopædia Universalis France

Jonas Salk

Autres références

  • KOPROWSKI HILARY (1916-2013)

    • Écrit par
    • 491 mots

    Le virologue polonais Hilary Koprowski mit au point un vaccin vivant atténué efficace contre la poliomyélite, administré par voie orale. Il effectua le premier essai clinique en 1950, soit deux ans avant que l’équipe de Jonas Salk teste son vaccin inactivé injectable, neuf ans avant qu’Albert...

  • LANDSTEINER KARL (1868-1943)

    • Écrit par
    • 912 mots
    • 2 médias
    En injectant à un singe de la moelle épinière homogénéisée d'un enfant mort de poliomyélite, Landsteiner réussit à reproduire les altérations caractéristiques de cette maladie (lésions de la moelle, paralysie). En collaboration avec C. Levaditi (Institut Pasteur, Paris), il décrit une méthode sérologique...
  • LÉPINE PIERRE (1901-1989)

    • Écrit par
    • 1 367 mots

    Né à Lyon en 1901, Pierre Lépine s'engagea lui aussi dans la carrière médicale. Il fut externe, puis interne des hôpitaux de Lyon et, très tôt, s'intéressa au travail de laboratoire : au cours de ses études médicales, il fut moniteur de physiologie à la faculté des sciences, puis assistant de parasitologie...

  • LEVADITI CONSTANTIN (1874-1953)

    • Écrit par
    • 505 mots

    Né à Galati (Roumanie), Constantin Levaditi, médecin français, est d'abord, en 1896, interne des hôpitaux à Bucarest et se consacre à des recherches expérimentales. Après avoir été préparateur du professeur Babes à Bucarest, il est nommé à Paris préparateur du professeur Charrin au Collège de France....

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