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POLITIQUE La philosophie politique

La philosophie politique se définit, depuis ses débuts en Grèce, comme la tentative de saisir par la pensée la nature (la structure fondamentale) de l'État. Elle n'est pas une science positive des phénomènes politiques, des facteurs observables, des faits statistiques, etc., données dont elle profitera pour pouvoir vérifier ses propres affirmations, puisqu'une structure ne se révèle que dans le structuré ; essentiellement, elle se demande ce qui fait que tel fait, telle texture de faits relèvent de la politique ou lui importent. Elle veut comprendre la vie des hommes en communauté, laquelle forme de vie constitue pour elle le fait fondamental. Toute philosophie politique développe ainsi, ou du moins implique, une anthropologie philosophique.

De la constatation que la structure ne se révèle et n'est réelle que dans le structuré découle que la philosophie politique se réfère, d'autre part, à l'histoire, ce mot étant pris au sens le plus large : histoire politique, des religions, des mœurs, du sentiment, des formes du travail social, etc. La pensée politique, comme toute pensée humaine, même là où elle aboutit à des résultats qui ne comportent, quant à leur contenu, aucun paramètre temporel, tels les théorèmes arithmétiques, naît à un certain moment : la philosophie, pour citer un mot de Hegel, n'est rien d'autre que la saisie de sa propre époque dans la pensée. Cela s'applique particulièrement à la philosophie politique : Platon dit des choses essentielles sur l'État, mais il n'a rien de spécifique à nous dire d'un État dont la puissance est fondée sur une industrie de type moderne, et les considérations d'Aristote sur la nature de l'esclave ne nous enseignent rien, à moins que nous n'en transposions les principes premiers – ce qui indique qu'une telle transposition est possible, c'est-à-dire qu'un acquis existe, mais qu'il doit être réactivé, repensé lorsque les conditions ont changé.

La philosophie politique, comme l'indique le terme (politique, du grec polis, cité-État), n'a pas affaire à toutes les formes de communautés ; ce n'est que pour pouvoir y opposer son propre problème qu'elle peut s'intéresser à des groupements « primitifs », dans lesquels il existe sans doute un pouvoir, mais où ce pouvoir n'est pas réfléchi, c'est-à-dire potentiellement mis en question par les membres de la communauté : des conflits existent, des luttes pour la préséance se rencontrent dans des sociétés animales, à plus forte raison dans des sociétés humaines hautement développées sur les plans administratif, technique, religieux ; mais le pouvoir y est longtemps considéré comme sacré, divin, éternel, et si nous pouvons y découvrir des luttes entre clans, groupes, classes, partis, les concepts dont nous nous servons alors sont les nôtres, non ceux dans lesquels pensaient les sujets et les dirigeants de ces unités au sein desquelles la vie politique est un fait, mais où une réflexion sur ce fait ne peut pas naître : elle ne naît qu'en Grèce, où une pluralité d'unités politiques se rencontre, dont chacune est assez forte pour repousser les autres et dont aucune n'est puissante au point de pouvoir les soumettre, là où, pour le dire autrement, se pose la question du meilleur État, question à laquelle on sait ne pouvoir répondre qu'après avoir déterminé ce qu'est la politique, comme aspect fondamental de la vie humaine.

L'État en lui-même : la politique pure et la formation du citoyen

On peut définir la philosophie politique comme la recherche de ce qui constitue l'État en tant qu'organisation d'une communauté historique, qui permet à celle-ci de prendre des décisions engageant sa forme de vie et sa survie. Le caractère abstrait de cette définition apparaît tout de suite. Que l'État[...]

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