ÉNERGIE POLITIQUES DE L'
Une politique de la demande
La politique de la demande a très souvent été reléguée en seconde position par rapport à celle de l'offre – une attitude liée à une culture d'énergie abondante et bon marché, qui en période de hausse des prix devient une erreur majeure. Aujourd'hui, de très nombreux éléments se conjuguent pour donner une place prioritaire à la politique de la demande. La loi française sur l'énergie de 2005, dont le titre 1 est consacré à la maîtrise de la demande, illustre (au moins sur le plan des principes) cette priorité. On ne saurait trop insister sur l'importance de l'amélioration de l'efficacité énergétique, puisque nous pourrions vivre de la même façon, selon des critères purement économiques, en consommant 20 p. 100 d'énergie en moins. Ce changement structurel majeur dans la maîtrise de la demande, auquel invitent la hausse des prix et les préoccupations écologiques, a des effets positifs directs sur la facture énergétique, sur la dépendance énergétique et sur la sécurité des approvisionnements, puisque les volumes consommés sont moindres. Malheureusement, l'amélioration de l'efficacité énergétique ne va pas de soi : les particuliers, malgré certaines incitations fiscales, sont peu enclins à faire un investissement dont la rémunération est différée dans le temps et les habitudes budgétaires permettent plus facilement d'inscrire une dépense courante qu'un investissement non indispensable.
Les principaux gisements d'économies d'énergie se situent dans l'habitat et dans le secteur tertiaire (rénovation des bâtiments anciens, équipements plus efficaces...), dans le transport (consommation des véhicules), dans l'industrie (régulation des flux et efficacité des équipements). Les outils d'une politique d'efficacité sont les normes et les standards, l'information (automobiles et équipements ménagers), les incitations, subventions et mesures fiscales. Par ailleurs le développement de nouvelles technologies occupe une place essentielle. Une politique de la demande doit faire place au traitement de la « précarité énergétique » qui touche les foyers pour lesquels la part relative dans le budget des dépenses énergétiques est particulièrement élevée et pesante.
La fiscalité joue un rôle important dans la maîtrise de la demande. Une taxation assez lourde de l'énergie (carburants) représente une forte incitation à l'efficacité dans un monde où les grandes énergies primaires deviennent plus chères et à un moment où la réduction des émissions de gaz à effet de serre devient une vraie priorité.
Ainsi, à terme, la maîtrise de la demande reflète une plus grande « intelligence énergétique » qui devrait s'imposer comme nécessaire lorsqu'on passe à un monde d'énergie plus rare et plus chère et que l'on doit assumer par ailleurs les contraintes du changement climatique. La transition énergétique enclenchée vers des économies à bas carbone ne peut se faire sans une politique de la demande. Demain, quels prix serons-nous prêts à payer l’énergie disponible pour couvrir nos besoins ?
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Écrit par
- Jean-Marie CHEVALIER : professeur de sciences économiques à l'université de Paris-IX-Dauphine, directeur du Centre de géopolitique de l'énergie et des matières premières
- Sophie MERITET : maître de conférences en sciences économiques à l'université de Paris-Dauphine
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