POLLEN
L'étude du contenu vivant du pollen – relativement peu différencié et difficile à observer – est un peu éclipsée par celle de la membrane pollinique. La fonction biologique fondamentale du pollen dans la reproduction sexuée des végétaux supérieurs mérite cependant l'attention, au moins à trois titres. Tout d'abord, outre une composition chimique marquée par une grande richesse en protéines et en vitamines jointe à la présence de substances bactériostatiques, d'enzymes et d'hormones, le nombre de noyaux dans les grains de pollen des divers grands groupes de végétaux illustre la réduction de la phase haploïde qui est une des tendances ayant dominé la phylogenèse des végétaux vasculaires. D'autre part, plusieurs mécanismes qui commandent la pollinisation, c'est-à-dire le transport du pollen des anthères jusqu'au stigmate, conduisent à la fécondation croisée qui introduit une forte variabilité génétique, laquelle constitue une valeur de sélection positive. Enfin, parmi ces mécanismes, l'auto-incompatibilité, qui fait que le pollen déposé sur les stigmates de la même fleur, ou d'une fleur du même individu, n'entraîne pas la nouaison, c'est-à-dire la transformation de l'ovaire de la fleur en fruit, met en jeu des mécanismes physiologiques fondamentaux et revêt une grande importance pratique, car elle limite la fertilité des plantes, notamment celles des espèces cultivées.
Le contenu vivant du pollen
La composition chimique du contenu vivant du pollen est assez singulière. La fraction azotée, importante (16 à 40 p. 100 du poids sec du pollen), est responsable des diverses affections allergiques d'origine pollinique et représente la seule source d'aliments azotés pour les abeilles ; elle est constituée pour moitié d'acides aminés, parmi lesquels figurent les vingt acides aminés universellement présents dans les cellules vivantes. Par ailleurs, de nombreuses vitamines, parfois abondantes (vitamine C jusqu'à 6 p. 100, vitamine PP jusqu'à 2 p. 100 du poids sec), et des substances bactériostatiques justifient la fabrication de produits divers (farines, laits sucrés au miel, fards, par exemple) à base de pollen, ainsi que l'utilisation thérapeutique de la gelée royale, nourriture des futures reines d'abeilles, particulièrement riche en pollen.
Un important équipement enzymatique, qui permet la croissance rapide du tube pollinique, et deux hormones de croissance (acide indol-acétique ou auxine et gibbérelline), qui déclenchent l'induction de la transformation de l'ovaire en fruit, complètent cette composition.
Le pollen est généralement disséminé à l'état plurinucléé : c'est une microspore germée comportant deux ou plusieurs noyaux haploïdes ; ceux-ci sont issus de la division de l'un des noyaux résultant de la méïose de la cellule mère. Cependant, chez l'if est disséminé un pollen uninucléé, donc une spore vraie. Mais, dans tous les cas, le grain de pollen mûr, ayant formé le ou les noyaux gamètes, est plurinucléé : c'est un gamétophyte, un prothalle. Or, cette phase haploïde est encore représentée par un véritable massif cellulaire dans le groupe fossile des Cordaïtales (Préphanérogames) : de nombreuses cellules stériles, externes, entourant un certain nombre de noyaux libres internes. Chez les Gymnospermes, c'est encore un ensemble de huit à dix cellules dans les groupes des Podocarpales et des Araucariales, mais elle n'est plus représentée que par six noyaux chez les Pinales, et même quatre seulement chez l'if. Enfin, chez les Angiospermes, le gamétophyte mâle ne compte plus, dans l'immense majorité des cas, que trois noyaux : un dans la cellule végétative, deux dans la cellule reproductrice où ils constituent les deux gamètes appelés à participer à la double fécondation, si[...]
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Écrit par
- Armand PONS : docteur ès sciences, professeur à la faculté des sciences de Marseille
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