POLLUTION
La pollution des océans
Bien que les eaux marines soient exposées aux mêmes catégories de polluants que les écosystèmes dulçaquicoles, la pollution des océans comporte quelques particularités.
Le rejet intempestif de métaux lourds en milieu marin pose des problèmes majeurs. L'affaire du Minamata au Japon, déclenchée dans les années 1950, a présenté des conséquences sanitaires d'une ampleur jusque-là inégalée. D'autres cas de pollution des eaux côtières par des métaux spécifiques se sont manifestés depuis lors. On peut citer ceux qui sont liés à l'usage de composés organostanniques comme le Tributylétain (TBT) et du Triphénylétain (TPT) utilisés dans les peintures anti-salissures des coques des navires. Il a été montré que ces substances étaient toxiques pour les mollusques à des concentrations inférieures à 0,1 μg/l, soit 0,1 ppb. La France a interdit l'emploi du TBT sur les bateaux à partir de 1982.
Les rejets d'hydrocarbures
Le pétrole répandu en mer constitue une pollution encore plus préoccupante à l'échelle globale. Plus du tiers des quelque 3,8 milliards de tonnes de pétrole extraites annuellement emprunte les grandes voies maritimes sous forme brute ou raffinée. En outre, une proportion importante de la production pétrolière mondiale est extraite de gisements offshore. En conséquence, les accidents survenus pendant l'extraction et le transport des hydrocarbures, et, surtout, le lavage des soutes en mer – qui est responsable à lui seul de près de 90 p. 100 de cette pollution – constituent les principales causes de rejets d'hydrocarbures dans les eaux marines. Les plus grandes marées noires d’origine accidentelle furent celles des plates-formes Ixtoc One (ayant déversé, de juin 1979 à février 1980, entre 470 000 tonnes – estimation basse – et 1 500 000 tonnes de brut – estimation haute) et Deepwater Horizon (dont la fuite, qui a débuté le 20 avril 2010 et a duré 86 jours, a officiellement répandu 780 000 tonnes de pétrole), situées toutes les deux dans le golfe du Mexique. La cause majeure de la contamination chronique des océans par les hydrocarbures est donc le « déballastage » des pétroliers. Ces derniers nettoient en effet leurs soutes avec de l'eau de mer après déchargement. Quelque 20 p. 100 des tankers se débarrassent toujours de cette eau souillée de pétrole en la rejetant en haute mer – ce qui est toléré –, ou parfois dans les eaux littorales, mais alors clandestinement. Comme de 1 à 3 p. 100 de la cargaison reste dans les soutes, on estime à plus de 1 million de tonnes par an la pollution océanique qui en résulte dans les principales voies maritimes empruntées par les pétroliers. On peut évaluer à quelque 5 millions de tonnes par an la quantité totale d'hydrocarbures introduite dans l'océan mondial par l'ensemble des activités humaines. Comme une tonne de pétrole peut recouvrir 12 kilomètres carrés d'océan, des surfaces considérables du milieu marin sont de la sorte recouvertes en permanence par un film d'hydrocarbures.
Lors des marées noires, l'impact de la pollution pétrolière sur les êtres vivants benthiques et pélagiques est considérable cf. marées noires). Les oiseaux de mer paient aussi un lourd tribut. Au cours du xxe siècle, la colonie de macareux des îles Scilly en Cornouailles, par exemple, a connu une régression particulièrement spectaculaire, passant de 100 000 oiseaux au début des années 1900 à 100 individus en 1967, à la suite de la catastrophe du Torrey Canyon, première grande marée noire dans les eaux européennes. Lors du naufrage de l'Erika, on a pu estimer entre 100 000 et 300 000 le nombre d'oiseaux de mer qui ont péri, surtout des guillemots de Troïl (Uria aalge) (L. Laubier et al., 2008). Ce nombre est considérable si l'on songe que[...]
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Écrit par
- François RAMADE : professeur émérite d'écologie à la faculté des sciences d'Orsay, université de Paris-Sud-Orsay
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