POLLUTION
Pollution nucléaire
Les usages pacifiques de l'énergie nucléaire et a fortiori ses applications militaires soulèvent toute une série de problèmes spécifiques liés aux particularités qu'elle présente et à son immense potentiel de pollution.
Causes de la pollution nucléaire
Depuis les premiers travaux du projet Manhattan jusqu'au milieu des années 1960, les essais atmosphériques d'armement nucléaire ont constitué, de fort loin, la principale cause de pollution radioactive de la biosphère. Cette cause de pollution a considérablement régressé après le traité de 1963 qui interdit ce genre d'expérimentation, bien qu'il n'ait pas été ratifié par tous les États. Cependant, d'autres préoccupations provoquées par la crise pétrolière de 1973 sont apparues, liées à l'important développement de l'industrie électronucléaire observé entre cette date et la fin des années 1980. Ainsi la puissance électronucléaire française qui atteignait 3,5 gigawatts électriques (GWe) en 1970 s'est élevé à 59,5 GWe en 1990. Puis, la baisse transitoire des prix du pétrole a diminué l'intérêt qu'avait suscité cette source d'énergie. Ainsi, alors qu'elle était passée de 45 GWe en 1973 à 328 GWe en 1990, la capacité électronucléaire installée dans le monde n'a crû que de 58 GWe supplémentaires entre cette dernière date et 2005. Toutefois, depuis 2004, l'envolée des prix du pétrole et du gaz naturel relance l'intérêt pour l'énergie d'origine nucléaire. Cette filière énergétique présente l'avantage stratégique de ne pas produire de gaz à effet de serre, donc de ne pas avoir d'influence sur le climat, et d'être largement indépendante du prix de son « combustible », l'uranium 235, lequel peut en outre être stocké massivement, sans problème technique en raison de son faible volume. De plus, les gisements majeurs d'uranium sont totalement indépendants des pays de l'O.P.E.P. puisque une partie importante des réserves connues est localisée au Canada et en Australie.
Plusieurs préoccupations se sont toutefois manifestées par le passé et persistent face au développement des usages pacifiques de l'atome, en un temps exacerbées par l'accident de Tchernobyl (1986). Elles concernent les effets biologiques chroniques et à long terme des radiations, ainsi que les risques écologiques inhérents au problème de la pollution radioactive, que celle-ci soit accidentelle ou liée au fonctionnement du cycle du combustible nucléaire, en particulier ceux associés aux rejets de radioactivité sous forme d'effluents dilués dans les eaux continentales ou marines.
La connaissance du cycle du « combustible » nucléaire est indispensable pour comprendre où se situent les principaux risques de pollution (fig. 8).
Au niveau des mines d'uranium, il existe un danger d'irradiation des mineurs par un gaz rare radioactif, le radon, lequel émet un rayonnement alpha. Par ailleurs, il a été montré, dans certains cas, que les rejets de « stériles » par ces mines étaient susceptibles de provoquer une pollution des eaux superficielles par divers actinides, le radium en particulier.
Les réacteurs électronucléaires constituent, même en fonctionnement normal, une source de pollution radioactive de l'air et des eaux. Le type de réacteurs de loin le plus courant est dénommé R.E.P. (réacteur à eau pressurisée), dont l'actuel E.P.R. (European Pressurized water Reactor), en construction dans certains pays (dont la France), n'est qu'une version perfectionnée du R.E.P., utilisant mieux la matière fissile et produisant moins de déchets nucléaires par kilowattheure généré, tout en ayant une sûreté de fonctionnement encore accrue. Ces types de réacteurs sont refroidis par de l'eau légère sous pression, qui sert aussi de ralentisseur de neutrons.[...]
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Écrit par
- François RAMADE : professeur émérite d'écologie à la faculté des sciences d'Orsay, université de Paris-Sud-Orsay
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