- 1. Géographie et économie
- 2. Histoire jusqu'en 1945
- 3. La Pologne populaire
- 4. L'échec des réformes
- 5. L'effondrement du système communiste (1980-1989)
- 6. Une transformation démocratique
- 7. Un État membre de l’Union européenne
- 8. Chronologie contemporaine
- 9. Langue polonaise
- 10. Littérature polonaise
- 11. Bibliographie
POLOGNE
Nom officiel | République de Pologne (PL) |
Chef de l'État | Andrzej Duda (depuis le 6 août 2015) |
Chef du gouvernement | Donald Tusk (depuis le 13 décembre 2023) |
Capitale | Varsovie |
Langue officielle | Polonais |
Unité monétaire | Zloty (PLN) |
Population (estim.) |
37 587 000 (2024) |
Superficie |
311 895 km²
|
L'effondrement du système communiste (1980-1989)
La naissance du syndicat indépendant Solidarité a provoqué un grave déséquilibre dans le fonctionnement du système politique. En contestant le monopole du Parti communiste, cette organisation indépendante le délégitimait aux yeux de la classe ouvrière et de toute la société. C'était, en fait, le début d'un long processus d'effondrement du régime.
Le rôle du syndicat Solidarité
Fondé le 11 septembre 1980, le syndicat indépendant Solidarité reprenait le nom du bulletin des grévistes de Gdańsk : Solidarność. D'abord limité à l'échelle régionale (selon les termes des accords de Gdańsk du 31 août 1980), il s'est étendu en quelques semaines à l'ensemble du pays et à toutes les entreprises. Il a pourtant fallu encore deux mois et une menace de grève générale avant qu'il ne soit enregistré officiellement. Une branche étudiante et un syndicat paysan se sont organisés, suivis par d'autres professions. Solidarité est devenu une immense organisation libre de la société face à « l'État-parti » (à l'été de 1981, il revendiquait 9,5 millions d'adhérents). Jacek Kuron, un des fondateurs de l'opposition démocratique, devenu conseiller de Solidarité, a décrit ce processus avec enthousiasme : « Dans tout le pays, la société civile s'éveillait, tout le monde se sentait responsable, tout le monde voulait faire quelque chose. Des commissions et des comités poussaient comme des champignons après la pluie, ils étaient créés selon divers schémas et compétences, ce qui occasionnera pas mal de problèmes par la suite. Ces comités et ces commissions, qui s'enregistraient immédiatement, reconnaissaient certes le rôle dirigeant de Wałȩsa et de Gdańsk, mais ils voulaient être entièrement indépendants, et ne pas recevoir d'ordres ni d'instructions émanant d'eux ». Cette expérience d'un syndicat indépendant légal, inédite sous un régime communiste, a duré seize mois. Elle a donné à la société polonaise une conscience d'elle-même et une expression pluraliste exceptionnelle. Elle est demeurée une référence pour les démocrates qui, en Pologne et en Europe centrale, ont accédé au pouvoir en 1989.
Le syndicat Solidarité a été soumis, pendant sa période légale, à la triple pression du Parti communiste, le Parti ouvrier unifié polonais (POUP), qui remettait constamment en cause les acquis d'août, de l'URSS, dont on craignait une intervention militaire (le pacte de Varsovie se réunit en novembre 1980, des mouvements de troupes sont observés...), et d'une base sociale excédée par les désorganisations et les pénuries alimentaires. Il est maintenant avéré que le nouveau responsable du parti, Stanislaw Kania, a d'abord tenté d'épuiser le mouvement, mais cette stratégie de la « confrontation morcelée » n'a fait qu'empirer la situation. Dès mars 1981, l'option d'une épreuve de force était privilégiée. Depuis l'automne précédent, le général Wojciech Jaruzelski, ministre de la Défense, la préparait techniquement dans le plus grand secret, avec l'état-major militaire, et pressé par Moscou que ne voulait pas intervenir directement. Nommé président du Conseil des ministres en février 1981, il devient Premier secrétaire du POUP en octobre.
L'Église tenta de son côté des médiations. Le cardinal Stefan Wyszynski, primat de Pologne (mort en mai 1981), puis son successeur Jozef Glemp, mais aussi certains évêques au niveau local évitèrent à plusieurs reprises l'affrontement. De Rome, Jean-Paul II multipliait les gestes de soutien. Le syndicat devint aussi le théâtre de débats et d'oppositions politiques, qui préfiguraient, notamment lors de son premier congrès national de l'été 1981, les clivages politiques d'après 1989.[...]
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Écrit par
- Jean BOURRILLY : professeur à l'université de Paris-IV
- Georges LANGROD : directeur scientifique au C.N.R.S., professeur à la faculté de droit de l'université de la Sarre
- Michel LARAN : maître de recherche au C.N.R.S.
- Marie-Claude MAUREL : directrice d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
- Georges MOND : docteur en études politiques, ancien chargé de recherche au C.N.R.S., ancien chargé de cours à l'université de Paris-II
- Jean-Yves POTEL : historien, chargé d'enseignement à l'Institut d'études européennes, université de Paris-VIII
- Hélène WLODARCZYK : docteur d'État ès lettres, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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