POLYMORPHISME, biologie
Modifications des fréquences géniques
Rôle de la sélection naturelle
La sélection est l'un des facteurs importants du jeu desquels dépendent les fréquences des gènes. Ce facteur s'introduit par le fait que les individus de différents génotypes ne contribuent pas nécessairement de façon égale à la formation de la génération suivante. Deux facteurs de nature différente s'additionnent pour faire varier cette contribution : le premier est la probabilité de survie de l'individu au cours du développement qui le mène de l'œuf à l'âge reproducteur ; le second est le taux de fécondité, une fois atteint l'âge de la reproduction. La valeur sélective globale d'un génotype est la résultante de ces deux éléments.
Mise en évidence
Que certains génotypes soient moins aptes que d'autres à survivre et à laisser une descendance est bien évident, pour l'espèce humaine, dans le cas des tares héréditaires graves telles que l'achondroplasie, l'idiotie amaurotique ou l'hémophilie. Chez toutes les espèces, on connaît également de nombreux gènes, souvent récessifs, qui sont qualifiés de létaux ou de sublétaux parce qu'ils interdisent ou rendent précaire la survie de l'individu.
L' action de la sélection au niveau de caractères qui ne sont pas aussi nettement monstrueux est par contre difficile à mettre en évidence. Une étude précise des populations naturelles est en effet toujours malaisée, ne serait-ce qu'en raison des délicats problèmes d'échantillonnage qu'elle soulève. Les facteurs qui, dans les conditions naturelles, agissent sur les populations pour en limiter l'effectif sont non seulement incontrôlables, mais le plus souvent même inconnus. La comparaison de deux génotypes ne peut en général être faite que pour un aspect fragmentaire de la valeur sélective, fécondité ou résistance à un prédateur, par exemple.
On peut, cependant, illustrer l'action de la sélection naturelle par de nombreuses observations portant sur des organismes divers. Les escargots des haies, caractérisés par leur polymorphisme, sont mangés par les grives, qui ont l'habitude de laisser sur des pierres les coquilles plus ou moins brisées des individus capturés. Dans une localité donnée, il est alors possible de comparer, au même moment, le nombre des individus mangés et celui des vivants. Il résulte d'une telle comparaison que, parmi les deux phénotypes fondamentaux (coquilles unies sans bandes et coquilles avec bandes), c'est la première catégorie qui est plus fréquemment capturée par les oiseaux : les bandes sombres fonctionnent sans doute comme un camouflage (tabl. 2).
Une autre catégorie d'observations effectuées sur des organismes à plusieurs générations annuelles est relative à l'action des saisons sur la composition des populations. On peut en prendre pour exemple le polymorphisme chromosomique qui est observé (fig. 3) chez Drosophila pseudoobscura : la fréquence d'une certaine inversion, dite ST, est de 30 p. 100 durant l'été, et de 70 p. 100 pendant l'automne. Une variation périodique des valeurs sélectives relatives des différents caryotypes est ainsi mise en évidence.
Les exemples qui viennent d'être cités correspondent à des situations où, globalement, l'action de la sélection présente un caractère conservateur (sélection conservatrice), puisqu'elle n'entraîne pas de changement à long terme dans les populations. Cela correspond à des cas où le milieu dans lequel vit l'espèce reste uniforme. S'il subit au contraire un changement, la sélection n'aura plus un caractère conservateur ; son action va provoquer un changement durable dans la composition de la population.
Quelques exemples de ce type de phénomène ont pu être observés : l'un des plus célèbres concerne ce que l'on[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Maxime LAMOTTE : professeur honoraire à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie (faculté des sciences), ancien directeur du laboratoire de zoologie de l'École normale supérieure
- Philippe L'HÉRITIER : professeur honoraire à la faculté des sciences de Clermont-Ferrand
- Étienne PATIN : biologiste à l'Institut Pasteur et au musée de l'Homme
- Lluis QUINTANA-MURCI : docteur ès sciences, chargé de recherche, C.N.R.S.-Institut Pasteur
Classification
Médias
Autres références
-
ENCÉPHALOPATHIES SPONGIFORMES
- Écrit par Dominique DORMONT
- 6 597 mots
- 3 médias
Au sujet du polymorphisme du gène de la PrP au codon 129, la population générale est à 50 p. 100 homozygote (Met/Val). En revanche, 90 p. 100 des sujets présentant une maladie de Creutzfeldt-Jakob sporadique ou iatrogène et tous les patients présentant le nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob... -
GÉNÉTIQUE
- Écrit par Axel KAHN , Philippe L'HÉRITIER et Marguerite PICARD
- 25 873 mots
- 31 médias
...plutôt l'importance des dissemblances. Les populations réelles sont toujours plus ou moins polymorphes. Dans les populations humaines l'existence du polymorphisme est évidente ; il s'étend non seulement à la couleur des cheveux ou de l'iris, mais aussi à des caractères physiologiques ou psychiques ;... -
GÉNOMIQUE - Théorie et applications
- Écrit par Louis-Marie HOUDEBINE
- 4 042 mots
Le caractère très polymorphe des microsatellites et leur fréquence dans les génomes permettent en principe d'établir des corrélations entre la longueur d'un microsatellite dans un site chromosomal donné et un caractère biologique bien défini de l'organisme. Lorsque de telles corrélations sont établies... -
GÉNOMIQUE : ANNOTATION DES GÉNOMES
- Écrit par Véronique BLANQUET et Stéphanie DURAND
- 8 037 mots
- 5 médias
...individu, ou génome de référence, a déjà été déterminé), où les objectifs sont dirigés vers la connaissance des différences génétiques entre individus (polymorphismes), l’ordonnancement des lectures s’appuie sur la séquence déjà connue qui sert de référence. L’analyse bio-informatique qui permet d’aboutir... - Afficher les 18 références