POLYNÉSIE FRANÇAISE
La fin de la colonie et le statut de TOM
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, on estime que la colonie compte 21 000 citoyens et 19 000 sujets ressortissant d’un « statut personnel ». Cette distinction entre des citoyens soumis au Code civil et des sujets relevant d’un statut plus ou moins codifié disparaît en 1945, avec l’accès à la pleine citoyenneté française de tous ses habitants. Une telle différenciation ne s’est pas effectuée selon une logique opposant les « indigènes » (Polynésiens) aux « Européens », mais selon les modalités différentes d’incorporation des îles à la France. Ainsi, la citoyenneté française a été accordée en 1880 à toute la population du royaume Pomaré, c’est-à-dire principalement les habitants des îles du Vent (Tahiti et Moorea). En Polynésie française, le métissage est complètement assumé et une élite locale « demie », constituée de l’aristocratie polynésienne et d’Anglo-Saxons, émerge dès le milieu du xixe siècle. Elle se trouve à la tête du pouvoir politique aujourd’hui. Moins métissés et plus urbains, les Chinois (« Tinito ») détiennent un pouvoir économique conséquent, spécialement dans le commerce de gros et l’importation.
Jusqu’alors colonie, les EFO deviennent un Territoire d’outre-mer (TOM) en 1946 dans le cadre de l’Union française et la loi-cadre Defferre de 1956 les dote d’une certaine liberté. Un pouvoir exécutif local est mis en place, le Conseil de gouvernement, désigné par une Assemblée territoriale élue au suffrage universel. Celle-ci décide en 1957 de changer le nom du TOM en Polynésie française. La volonté de la majorité à l’Assemblée de mettre en place un impôt sur le revenu est à l’origine d’une crise grave qui se termine par le retrait de cette réforme.
Pouvanaa a Oopa, l’homme fort de la vie politique locale, alors vice-président du Conseil de gouvernement, fait campagne pour l’indépendance à l’occasion de la consultation du 28 septembre 1958 sur le projet de Constitution de la Ve République et de création de la Communauté française. Le résultat des urnes le contredit, la population choisissant de rester un TOM, mais il devient gênant pour le pouvoir central qui le fait condamner à huit ans de prison puis à quinze ans d’exil pour une prétendue tentative d’incendie de Papeete. Il faut attendre octobre 2018 pour que la Cour de révision et de réexamen l’innocente. Les débuts de la Ve République correspondent à une phase de recentralisation avec la réduction sensible du pouvoir des Assemblées territoriales et des conseillers de gouvernement. Avec la mise à l’écart de Pouvanaa a Oopa, qui aurait été un opposant farouche aux essais nucléaires, le champ est libre pour l’installation du CEP.
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Écrit par
- Jean-Christophe GAY : agrégé de géographie, professeur des Universités, université Côte d'Azur
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