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POLYNÉSIE FRANÇAISE

L’organisation de l’espace polynésien

La population de la Polynésie française a fortement progressé depuis les années 1950, passant de 75 000 habitants en 1956 à 167 000 en 1983 et atteignant 276 000 habitants en 2017. C’est le solde naturel qui est presque totalement responsable de cette dynamique, mais il baisse depuis 1988, avec un taux de fécondité en net recul (de 6 enfants par femme en 1970 à 1,8 en 2017) et une population qui vieillit : les moins de 20 ans représentent 44 p. 100 de la population en 1994 et moins d’un tiers en 2017 ; l’espérance de vie de vie est passée de 67 ans en 1985 à 77 ans en 2017. Si le bilan sanitaire de la COM s’est amélioré, il faut noter que l’obésité est extrêmement fréquente, occasionnant de l’hypertension artérielle et de nombreux cas de diabète sucré.

Lorsque les premiers Européens arrivent dans les îles Marquises ou à Tahiti, à la fin du xviiie siècle, ils sont frappés par l’importance du peuplement. On peut estimer que la population des Marquises est alors de plusieurs dizaines de milliers d’habitants tandis que celle de Tahiti avoisine 100 000 habitants. En 2017, les Marquises ne comptent plus que 9 346 habitants. Une telle évolution témoigne de puissants phénomènes démographiques, à la fois de redistribution de la population au sein de la Polynésie française, mais également du choc qu’a été pour les Polynésiens l’arrivée des Européens, qui provoque une terrible hécatombe chez les premiers. En abordant ces îles, les Européens introduisent en effet des maladies infectieuses qui déciment la population. Cette « mort importée » (E. Vigneron) prend la forme d’épidémies meurtrières (grippe, variole, rougeole, dysenterie…) ou de pathologies dégénératives du type tuberculose ou syphilis. Les infections sexuellement transmissibles touchent les nourrissons et provoquent une stérilité. Au début du xxe siècle, la situation démographique est si catastrophique que certains prédisent la disparition des Océaniens. Au cours du xixe siècle, le nombre de Tahitiens s’est contracté des deux tiers. Le renouveau de la population intervient au xxe siècle avec une transition démographique qui débute après la Seconde Guerre mondiale par une baisse sensible de la mortalité, suivie par une baisse de la natalité une vingtaine d’années plus tard.

Les processus politiques et économiques à l’œuvre ont conduit à une polarisation croissante du Territoire sur Tahiti, dont la part dans la population totale n’a cessé de croître, passant de 44 p. 100 en 1946 à plus des deux tiers aujourd’hui. À l’opposé, le poids des archipels éloignés (Tuamotu-Gambier, Australes et Marquises) est tombé de plus du tiers en 1897 à un huitième en 2017. L’émiettement insulaire est problématique et constitue un cas extrême. Quelques îles habitées des Tuamotu ou Rapa dans les Australes sont encore aujourd’hui dépourvues de piste d’aviation et/ou de port. On ne trouve que deux hôpitaux dans ces terres éloignées, à Hao (Tuamotu) et à Nuku Hiva (Marquises). Les autres îles doivent se contenter de cabinets médicaux, dispensaires ou centres de secours. Si toutes les îles habitées disposent d’une école primaire, les collèges ne sont présents que sur les îles principales et il n’y a aucun lycée dans les archipels éloignés, ce qui impose généralement une poursuite des études jusqu’au baccalauréat à Tahiti, ou à Raiatea plus rarement. Ainsi, dès la sixième, les jeunes des îles les plus petites sont en internat ou accueillis chez des parents ou amis, très loin de leur village dans lequel ils ne reviennent que pour les vacances scolaires.

Le modèle centre/périphérie se répète à l’échelle des archipels, avec Raiatea qui polarise les îles Sous-le-Vent, Rangiroa les Tuamotu occidentales, Hao la partie orientale de cet archipel ou Nuku Hiva les Marquises.[...]

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Écrit par

  • : agrégé de géographie, professeur des Universités, université Côte d'Azur

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Médias

Polynésie française [France] : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Polynésie française [France] : carte administrative

Bora Bora, Polynésie française - crédits : Chad Ehlers/ Photographer's choice/ Getty Images

Bora Bora, Polynésie française

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