POMPÉI
De la découverte de Pompéi à sa préservation
L'histoire de Pompéi ne s'est pas arrêtée avec l'éruption du Vésuve. Immédiatement après l'événement, l'empereur Titus organise les premiers secours pour les zones d'habitat touchées par le Vésuve, en nommant deux dignitaires chargés de leur organisation, les curatoresrestituendaeCampaniae. L'ensevelissement de Pompéi n'a pas permis un retour de la population et la reconstruction de la ville, mais des traces de récupération des matériaux réutilisables par des survivants ou des pilleurs sont observables. Il faut ensuite attendre l'époque moderne pour que la ville soit redécouverte. Les premières trouvailles ont lieu entre 1592 et 1600, lors de la construction du canal du Sarno par Domenico Fontana. Mais ce n'est qu'en 1748, sous le règne de Charles de Bourbon, que les premières fouilles sont entreprises sur ce qu'on appelait alors la collinadellaCivita. L'identification de Pompéi n'est assurée qu'en 1763, à la suite de la découverte décisive d'une inscription.
Sous les Bourbons et au cours de l'intermède de la domination française (1799-1815), la topographie de la ville se révèle progressivement, les objets précieux alimentant les collections royales, aujourd'hui dans le Musée archéologique national de Naples. Un grand tournant s'opère dans l'histoire des fouilles au moment de l'unité italienne, avec la direction de Giuseppe Fiorelli (1860-1875), qui inaugure de nouvelles méthodes de dégagements, mais aussi de présentation du site et de publications. Pour la première fois, on pratique des fouilles qui procèdent par des décapages horizontaux successifs. Cette technique permet à Fiorelli de développer le procédé des moulages en plâtre, appliqué aux corps humains et aux résidus organiques ensevelis sous les cendres. On lui doit enfin le découpage de Pompéi en neuf régions, subdivisées en îlots et propriétés numérotées. Les fouilles successives ont suivi ces premiers principes d'archéologie urbaine. En 1961 s'achèvent les dernières excavations d'envergure conduites par Amedeo Maiuri. Les fouilles qui suivront ne relèvent que d’interventions limitées et ponctuelles, comme, dans les années 1980, le dégagement de l’îlot qui inclut la maison des Chastes Amants. Dans les années 2000, de nombreuses missions archéologiques italiennes et internationales se consacrent à l'étude d'édifices déjà dégagés, en recherchant principalement les niveaux archaïques de la ville.
Car, désormais, les efforts portent sur la documentation et la restauration de Pompéi, que l'érosion et les difficultés de conservation mettent en péril ; l'extension des vestiges, qui fait toute la richesse du site, en constitue aussi la faiblesse. Ainsi, on dénombre pas moins de quatre-vingt-treize demeures ornées de peintures murales importantes et 217 000 mètres carrés de pavements de mosaïques, un patrimoine fragile, soumis aux effets de la végétation, des variations climatiques ou des infiltrations. À ces menaces sont venus s’ajouter d'autres dommages causés par les bombardements des Alliés lors de la Seconde Guerre mondiale et le violent tremblement de terre de l’Irpinia en 1980. Un tourisme croissant contribue aussi largement à la vulnérabilité du site – avec 3,5 millions de visiteurs comptabilisés en 2019 et une affluence qui s'élève certains jours à plus de 15 000 personnes, soit tout autant que les anciens habitants de Pompéi. Mais, si ces derniers entretenaient au quotidien leurs édifices, les ressources dont dispose la tutelle du site – la Soprintendenza per i beni archeoligi di Pompei, Ercolano e Stabia, devenue Parco archeologico di Pompei en 2014 – reposent sur un équilibre complexe, pour assurer une protection régulière et pérenne des vestiges. Au début des années[...]
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Écrit par
- Hélène DESSALES : ancienne élève de l'École normale supérieure, agrégée de lettres classiques, docteur en archéologie, ancienne membre de l'École française de Rome, maître de conférences en archéologie, École normale supérieure
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