POMPÉI
Le Grande Progetto Pompei
Grâce à l’action conjointe du gouvernement italien et de l’Union européenne, le Grande Progetto Pompei (GPP), mis en place en 2012, avec un financement de 105 millions d'euros, a totalement changé le visage du site archéologique. Dans ce programme de grande ampleur, les diagnostics scientifiques et les opérations de restauration sont intimement associés. Parmi les priorités figurent la réduction du risque hydrologique et la mise en sécurité des portions de la ville non fouillées, aux parois instables. Ces interventions ont nécessité des excavations limitées sur une superficie d’environ 2 000 mètres carrés dans la Regio V, dans le quart nord-est de la ville, donnant lieu à des découvertes majeures de décors peints, mosaïqués et sculptés, ainsi que de mobilier, dans trois maisons dégagées, dont certaines portions se trouvaient encore en travaux au moment de l’éruption. Menées comme de véritables laboratoires scientifiques et conjuguées aux technologiques numériques, ces fouilles ont permis de restituer les traces d’une vie quotidienne brutalement interrompue par l’éruption du Vésuve.
En voie d’achèvement en 2021, le GPP s’est développé de façon intense entre 2014 et 2020. Il a permis de nombreuses avancées, à la fois pour la connaissance, la conservation et la valorisation de Pompéi. 76 interventions différentes ont été menées, en suivant les cinq plans stratégiques définis initialement par cet ambitieux projet : documentation complète sur les bâtiments dégagés, incluant un plan au 1/50e, la couverture photographique systématique et l’identification des dégradations ; travaux opérés sur les structures archéologiques ; mise en sécurité des bâtiments ; renforcement des capacités dans l’organisation du parc archéologique ; accessibilité et communication. Ces opérations se sont notamment concrétisées par la réouverture au public de 46 édifices restaurés et la réalisation de quatre kilomètres d’itinéraire pour les visiteurs à mobilité réduite.
Quant aux fouilles, elles se sont concentrées sur un quartier d’habitat de la Regio V, jusqu’alors inexploré. Elles ont révélé un programme décoratif de mosaïques sans précédent, dans la maison dite d’Orion. Elles ont aussi permis de dégager plusieurs victimes de l’éruption, donnant lieu à des analyses anthropologiques. En complément d’un riche ensemble d’objets, d’abondants restes organiques témoignent des tout derniers instants de Pompéi. Ainsi, l’excavation complète d’un comptoir alimentaire, unique en son genre par la finesse de son décor peint, a mis en évidence la nourriture qui y était proposée peu avant l’éruption. Autre source de connaissance, un dépotoir qui encombrait un trottoir voisin se prête à l’analyse des déchets de repas : olives, pignons et, pour la viande, une prédominance de porcelets.
Au nord de Pompéi, dans le secteur de Civita Giuliana, une grande villa extra-urbaine a été partiellement dégagée, avec un objectif de protection des structures pour éviter les fouilles clandestines. Outre les restes de trois équidés, un char de parade à quatre roues a été mis au jour, pratiquement intact et pourvu d’ornements métalliques très soignés.
Par ailleurs, de nombreuses inscriptions identifiées lors de ces nouvelles fouilles illustrent la vie politique et institutionnelle de la cité. Ainsi, aux abords de la Porta Stabia, la découverte d’un mausolée exceptionnel a révélé la plus longue inscription jusqu’alors trouvée à Pompéi. Longue de quatre mètres et courant sur sept lignes, elle dresse l’éloge d’un des membres les plus en vue de l’élite pompéienne (Cnaeus Alleius Nigidius Maius), rappelant en détail les nombreuses libéralités qu’il avait accordées à la communauté pompéienne, avec de somptueux spectacles de gladiateurs et des jeux.
Enfin, le GPP a engagé[...]
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Écrit par
- Hélène DESSALES : ancienne élève de l'École normale supérieure, agrégée de lettres classiques, docteur en archéologie, ancienne membre de l'École française de Rome, maître de conférences en archéologie, École normale supérieure
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