PONCIF, esthétique
On entend généralement par poncif un thème consacré qui, du fait même de sa répétition, devient formule académique. C'est-à-dire un thème qui a perdu sa signification initiale et qui n'est plus qu'une réplique dont le seul intérêt réside dans la forme. De ce fait, les notions d'académisme et de poncif sont étroitement liées. L'éducation académique, s'attachant à l'étude du métier, vide de son contenu et de son sens le thème qui devient un poncif. Ce que l'on apprenait dans les académies de la seconde moitié du xviie et durant tout le xixe siècle était surtout la manière de bien faire un glacis, de rendre les chairs ou le velouté des fleurs, autant de vertus artisanales qu'appréciait le bourgeois, amateur du « beau métier », valeur rassurante dans une société stabilisée. Les grands poncifs ont pour origine les principaux thèmes de la peinture : religion, mythologie, natures mortes et scènes de genre. Les Vierges à l'Enfant gothiques chargées d'une dévotion mariale profonde se trouvent renouvelées par le style d'un Léonard de Vinci, d'un Raphaël, puis s'épuisent sous le pinceau d'un Bouguereau (Vierge consolatrice, 1877). Aux Salons du xixe siècle, les Vénus se comptent par dizaines : Amaury-Duval use ce thème botticellien, ainsi que les Baudry et Cabanel. On assiste de même à une reprise laborieuse des allégories issues de Giorgione : Le Printemps (1870) de Bouvier, La Force de Heim. La nature morte, issue des maîtres hollandais et de Chardin, devient un banal exercice photographique cherchant à rivaliser avec les œuvres de Nadar. De même, la Hollande du xviiie siècle produit une série de scènes de genre, beuveries ou scènes de cabaret, qui perdent toute la verve d'un Frans Hals ou d'un Ter Borch.
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Écrit par
- Cariss BEAUNE : maître en histoire de l'art
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