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VALENTRÉ PONT

Symbole de la ville de Cahors (Lot), le pont Valentré, exemple remarquable de l'architecture militaire du Moyen Âge, est l'un des plus beaux et le mieux conservé des ponts médiévaux européens.

Sa construction fut décidée le 30 avril 1306 par les consuls de la ville, sur fond de rivalité entre la France et l'Angleterre à propos de la Guyenne, qui trente ans plus tard allait provoquer la guerre de Cent Ans. Le 17 juin 1308, maître G. de Sabanac, premier consul, posa la première pierre. Le pont est utilisé pour la première fois en 1350, mais sa construction s'achève en 1378, grâce à l'intervention du diable, selon la légende. La légende du pont de Valentré raconte en effet que le maître d'œuvre, exaspéré par la lenteur des travaux, signa un pacte avec Satan en échange de son âme. Celui-ci devait mettre tout son savoir-faire au service de la construction tout en exécutant les ordres. Le pont s'éleva rapidement, les travaux s'achevèrent et le contrat arriva à son terme. Pour ne pas être damné, le maître d'œuvre demanda à Satan d'aller chercher de l'eau, à la source des Chartreux, pour ses ouvriers, avec un crible. Bien sûr, Satan échoua et perdit son marché. Décidé à se venger, le diable vint chaque nuit desceller la dernière pierre de la tour centrale, dite tour du Diable, remise en place à chaque fois par les maçons.

De 1867 à 1879, l'architecte Paul Gout, élève d'Eugène Viollet-le-Duc, répara et restaura avec soin le pont. Dans l'emplacement de la dernière pierre resté vide, il fit apposer une pierre sculptée à l'effigie du démon qui, depuis lors, reste désespérément accroché, les griffes prisonnières du ciment.

Le pont Valentré, d'une longueur de 138 mètres, comporte six arches principales gothiques, trois tours carrés à trois étages, dominant le Lot de 40 mètres, et deux châtelets. Celui de l'ouest a presque entièrement disparu ; celui de l'est a vu son caractère défensif accentué par des modifications apportées au xixe siècle. Chaque passage sous les tours pouvait être fermé par deux vantaux et une herse. En outre, les entrées du pont étaient défendues par des barbacanes, aujourd'hui disparues. Les piles du pont sont renforcées par un avant-bec aigu qui, au niveau du passage, forme une plate-forme crénelée permettant des tirs de flanquement pour protéger le tablier du pont. Cet ensemble a été suffisamment dissuasif pour n'avoir jamais été attaqué.

Ce magnifique monument historique a été inscrit au patrimoine mondial de l'U.N.E.S.C.O. en 1998.

— Alfred BICHON

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