POP MUSIC
L'expression pop music fut employée à l'origine, aux États-Unis, pour désigner l'ensemble des musiques populaires (pop étant l'abréviation de popular), c'est-à-dire toutes les musiques dites « de variété ». Peu à peu, surtout en Europe, son sens devint plus restreint et fut employé seulement à propos d'une musique simple, dérivée du jazz par l'intermédiaire du rock and roll. On y trouve, notamment, l'une des caractéristiques de la musique de jazz : l'existence d'un ostinato rythmique par battements réguliers (beat). Il serait pourtant trop simple de dire que la pop music n'est qu'un jazz dégradé. On y trouve, en effet, de nombreux caractères originaux : technique particulière de la répétition mélodique ou harmonique, accords simples évoluant parfois par mouvement parallèle, recherche de timbres nouveaux par divers procédés électroniques, amplification de certains instruments dont la sonorité normale est peu bruyante. À travers de multiples chansons ou airs à danser dont l'invention est originale (quoique toujours fondée sur l'utilisation d'une écriture musicale simple et empruntée à des styles plus anciens), on découvre trop souvent des emprunts évidents, des arrangements douteux. Si l'apport strictement musical de la pop music peut être jugé de faible importance, la pop music, par le succès qu'elle remporte auprès des couches les plus variées des sociétés les plus différentes, par sa puissance d'évocation et d'incantation, est l'un des phénomènes culturels de notre époque.
Au cours des années 1950, un nouveau marché, celui des « petites bourses », s'ouvrit à l'industrie sonore. D'où une nouvelle musique, le rock and roll. Depuis lors, la pop music, diffusée dans le monde, est devenue un secteur de l'industrie. La campagne publicitaire de certains disques n'a rien à envier à celle d'un quelconque produit d'entretien. La pop music en tant que phénomène musical est éclipsée par le phénomène social qu'elle engendre. Elle est devenue le signe distinctif de la jeunesse, que celle-ci en soit consciente ou non. Le schéma simpliste d'une société où s'affrontent les jeunes et les vieux reste le moins dangereux pour le capitalisme international. Aussi est-il nécessaire de poser le postulat suivant : la pop music n'est pas la musique de la jeunesse, mais la musique pour la jeunesse.
L'époque du rock and roll
Le rock and roll apparaît en 1956. Déjà Hollywood décline, l'âge d'or du star system est révolu. Le nouveau mal du siècle, la « fureur de vivre », a immolé sa dernière victime, James Dean. Le mythe du western est en perte de vitesse et fait place à celui, préfabriqué, des idoles du rock. L'ascension du « roi » Elvis Presley commence. Il devient le Frank Sinatra de cette génération.
La chanson de variété des années 1940 subit la rigueur du maccarthysme. Dénuée d'émotion, son domaine de prédilection est le fond sonore des magasins à grande surface. La forme du jazz accessible au grand public reste le cool, équivalent un peu plus sophistiqué de ce que sont les variétés pour les classes moyennes. La bourgeoisie s'est emparée avec le hard bop du jazz d'avant-garde. Le ghetto du jazz se referme. Le prolétariat américain a besoin d'une musique plus chaleureuse. La population noire – et, en fait, l'Amérique blanche tout entière – la trouve avec l'expression citadine du blues contemporain : le rhythm and blues. L'aboutissement de cette tendance est le rock and roll, commercialisation évidente du blues. Le rock and roll n'emprunte rien à la culture de la bourgeoisie. Au contraire, son intérêt réside dans le fait qu'il s'agit d'une musique destinée aux couches les moins cultivées ; sa simplicité, sa spontanéité émotionnelle[...]
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Écrit par
- Paul ALESSANDRINI : journaliste indépendant, spécialiste de musique moderne, auteur et réalisateur de télévision
- Gérard JOURD'HUI : metteur en scène, scénariste, producteur
- Philippe JUGÉ : licencié de sociologie, journaliste, directeur de Magic Éditions, Paris
- Christian LEBRUN
: ancien rédacteur en chef du mensuel
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Médias
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