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POP MUSIC

La pop music, phénomène musical et phénomène social

Le terme de pop music, dans son usage européen, est impropre puisque, aux États-Unis, il s'applique à l'ensemble de la musique de variété ; en Europe, il remplace celui de rock music. On considérera ici que le rock and roll désigne la forme première de la pop music.

En 1963, le rock and roll semble oublié : les recettes diminuent, une métamorphose s'opère. Non seulement l'étiquette est rénovée, mais aussi la présentation, le chanteur solo faisant place au groupe de chanteurs-musiciens. La rentabilité de l'opération ne se limite pas à une réussite publicitaire, le prix de revient baisse sensiblement. Auparavant, des musiciens accompagnaient le chanteur et recevaient immédiatement leur cachet. La nouvelle formule est d'intéresser le groupe à sa réussite ; les compagnies limitent ainsi au minimum leurs risques financiers, et la plupart des marques possèdent leur propre studio d'enregistrement. Les paroles subissent une mutation : l'inspiration des compositeurs s'écarte des problèmes sentimentaux, des onomatopées, pour aborder le quotidien, voire devenir moralisatrice. Une ère nouvelle s'annonce.

La période anglaise

Les Beatles - crédits : Fox Photos/ Hulton Archive/ Getty Images

Les Beatles

Liverpool injecte un sang neuf au rock and roll. La jeunesse ne s'y trompe pas : il est plus agréable de gratter la guitare dans un des nombreux petits clubs des bords de la Mersey que de travailler sur les docks. Les Beatles donnent à la Grande-Bretagne l'occasion de prendre une revanche sur son ancienne colonie : en 1965, leurs chansons occupent huit des dix premières places des classements américains ; leur leader, John Lennon, compare la popularité du groupe à celle de Jésus-Christ ; la reine Élisabeth II les décore. Outre leurs préoccupations musicales, les Beatles s'essayent au commerce, fondent leur propre maison de production (Apple), achètent plusieurs usines de boîtes de conserves en Allemagne de l'Ouest. La « beatlemania » rapporte gros. Comme pour Presley, l'artisanat créé autour du fait musical s'amplifie. Une mode vestimentaire nouvelle se dessine (Mary Quant lance la minijupe). Des magasins « pop » réservés aux jeunes ouvrent leurs portes un peu partout dans Londres. Les Beatles à leur tour font du cinéma. Ils ont compris la leçon donnée par les États-Unis et s'adjoignent un metteur en scène, Richard Lester, qui, le temps de tourner deux films (A Hard Day's Night, Help !), devient le cinquième Beatle. L'apport des Beatles à la musique est considérable : des chansons telles que Nowhere Man (1966), Eleanor Rigby (1966), Strawberry Fields forever (1967), I Am the Walrus (1967), Revolution (1968), Let It Be (1970) sont des classiques du genre.

En 1964, des petits clubs fourmillent dans le Grand Londres. Les Rolling Stones se présentent comme un groupe de rhythm and blues. Plus américains que les Américains eux-mêmes, ils vont, sur la trace des Beatles, conquérir le marché mondial. Carol (1964), Little Red Rooster (1965), Satisfaction (1965), Paint It Black (1966), Let's Spend the Night Together (1967), Street Fighting Man (1969), Gimme Shelter (1970), Brown Sugar (1971) marquent les étapes de leur gloire. Ils reprennent à leur compte le thème du mal en le poussant à son extrême : leur chanteur Mick Jagger chante « Je suis le diable » (Sympathy for the Devil). Contrairement aux Beatles, les Rolling Stones ne sont pas issus du milieu ouvrier ; ces combattants de rues (Street Fighting Man) s'installent sur la Riviera française. N'était-ce pas le vieux rêve des lords anglais très fin de siècle ?

Marianne Faithfull, vers 1980 - crédits : David Corio/ Michael Ochs Archives/ Getty Images

Marianne Faithfull, vers 1980

Les Rolling Stones, 1975 - crédits : Michael Ochs Archives/ Getty Images

Les Rolling Stones, 1975

Sous l'influence du pop art, un groupe de la région londonienne redécouvre et illustre le mot « pop ». Vêtus de vestes taillées dans l'Union Jack, les Who inventent la guitare pop (où certaines cordes sonnent toujours à vide). Ils se localisent « géographiquement[...]

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Écrit par

  • : journaliste indépendant, spécialiste de musique moderne, auteur et réalisateur de télévision
  • : metteur en scène, scénariste, producteur
  • : licencié de sociologie, journaliste, directeur de Magic Éditions, Paris
  • : ancien rédacteur en chef du mensuel Best

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Médias

Eric B & Rakim - crédits : Michael Ochs Archives/ Getty Images

Eric B & Rakim

Elvis Presley - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

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