POP MUSIC
Les années 1970
Quand un moyen d'expression est à la recherche de son second souffle, c'est presque naturellement qu'apparaissent les surenchères, les parodies ou la nostalgie. La pop music devenue rock music n'y échappe pas. Les années 1970 resteront dans les mémoires comme celles où les acteurs remplacent les créateurs ; champions de l'outrage et de l'excès ou simplement habiles pasticheurs, ils ont noms Alice Cooper, Elton John, David Bowie, New York Dolls, Roxy Music. Manipulateurs inspirés, ils vont privilégier chacun à leur manière la forme plutôt que le fond. Le rock n'est plus vécu jusqu'au bout du jour et de la nuit mais joué pour plaire aux adolescents. Parfois sublimement à l'aide des masques de l'acteur (David Bowie), efficacement par le grand-guignol outré (Alice Cooper), avec humour et folie (New York Dolls), ou encore mis en scène (Elton John, Roxy Music).
Cette confusion des genres, cette dispersion des attitudes va amplifier ce que laissait pressentir la fin des années 1960 : la grande illusion de la fraternité pop avait bel et bien disparu avec la tragédie d'Altamont, près de San Francisco, en 1969 (un spectateur avait trouvé la mort lors d'un concert des Rolling Stones), et la rock music va se diviser en écoles contradictoires, en tendances souvent antinomiques, en publics partisans. Le tout orchestré habilement par les maisons de disques qui ont su reprendre en main un marché qu'elles ne contrôlaient plus. Alors vont apparaître, même si l'expression musicale existait déjà, le hard rock et ses chevaliers du métal lourd (heavy metal en anglais), le rock progressiste (progressive rock) et ses grandes fresques néo-classiques et symphoniques, le jazz-rock et la fusion de deux genres jusqu'alors ignorants l'un de l'autre, et dont Miles Davis fut l'initiateur. Tant bien que mal, les héros des années 1960 survivront à cette valse des étiquettes en essayant de les ignorer et en restant des individualistes forcenés jusqu'à ce que la rock music connaisse de nouveau, vers 1976 et 1977, une minirévolution.
En réaction contre la pesanteur ambiante, les codes trop bien établis et la toute-puissance des compagnies discographiques, c'est du côté de l'Angleterre que la guérilla prendra naissance. Refusant de se plier aux schémas préexistants illustrés par la compétence instrumentale, le savoir-faire mélodique, le pouvoir de l'argent et son corollaire, la musique « léchée », des adolescents qui se désignent comme « punks » vont privilégier le cri et essayer de retrouver le « vrai » message du rock, celui qui passe, selon eux, par le plus court chemin entre ce que l'on a à dire et le moyen de le dire. Une prise de parole hystérique, violente, qui s'accompagne d'un fétichisme vestimentaire dont le symbole restera... l'épingle de nourrice. C'est en Angleterre que les enfants du chômage et de la crise économique vont tenter d'ébranler le système à coups de provocations, de profanations, avec comme exemple le plus virulent, le God Save the Queendes Sex Pistols, un groupe emmené par John Lydon, devenu très vite la star de toute une génération en révolte contre le rock des « vieux ».
Aux États-Unis et de façon différente, moins caricaturale, on assistera à l'émergence d'une scène nouvelle en réaction elle aussi contre la rock music programmée, sans âme. À New York, un petit club, le CBGB, devient célèbre dans le monde entier en découvrant les Ramones, les Talking Heads, Blondie, Television, etc., des groupes que l'on assimile un peu vite au mouvement punk. Au milieu des années 1970, le déjà ancien Max's Kansas City avait, de la même façon, révélé Patti Smith, puis Mink DeVille, des noms qui resteront dans l'histoire du rock, car ils ont su exprimer la « couleur sonore »[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Paul ALESSANDRINI : journaliste indépendant, spécialiste de musique moderne, auteur et réalisateur de télévision
- Gérard JOURD'HUI : metteur en scène, scénariste, producteur
- Philippe JUGÉ : licencié de sociologie, journaliste, directeur de Magic Éditions, Paris
- Christian LEBRUN
: ancien rédacteur en chef du mensuel
Best
Classification
Médias
Autres références
-
POP ET ROCK
- Écrit par Eugène LLEDO
- 1 255 mots
La pop music ne constitue pas un genre musical bien précis. Elle naît dans les années 1960 avec le développement de la consommation de masse et des médias. Se confondant parfois avec le rock, la pop music désigne dans les années 1960 et 1970 une grande partie des musiques électriques populaires. L'esprit...
-
Ain't no woman (like the one I've got), FOUR TOPS
- Écrit par Eugène LLEDO
- 554 mots
-
ARTUR JOSÉ (1927-2015)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 642 mots
- 1 média
Après une carrière d’acteur d’une dizaine d’années, José Artur devint l’une des plus célèbres voix de la radio française, sur France Inter, avec son Pop Club, émission qu’il anima quasi sans interruption pendant quarante ans, de 1965 à 2005.
José Artur est né le 20 mai 1927 à Saint-Germain-en-Laye...
-
ASYLUM RECORDS
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Peter SILVERTON
- 386 mots
Le New-Yorkais David (Lawrence) Geffen est à l'origine d'Asylum Records. Cette firme discographique, véritable incarnation musicale de la « décennie du moi » (selon l'expression forgée par l'écrivain américain Tom Wolfe dans son essai The « Me » Decade and the Third Awakening...
-
AVALON FRANKIE (1939- )
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 324 mots
Les chansons de l'Américain Frankie Avalon, chanteur et trompettiste de rock, mais aussi acteur, ont occupé la tête des hit-parades de la fin des années 1950 au tout début des années 1960.
Francis Thomas Avallone naît à Philadelphie (Pennsylvanie) le 18 septembre 1939. Il manifeste dès...
- Afficher les 136 références