PORT-AU-PRINCE

Située dans la plaine du Cul-de-Sac, dans un site en amphithéâtre au pied de la montagne de la Selle, Port-au-Prince, capitale de la République d'Haïti, a été fondée en 1749 par les Français. Protégée des vents du nord-est, au fond d'une baie du golfe de la Gonâve, la ville présente le double avantage d'être bien abritée et facile à défendre. En revanche, le site portuaire est médiocre : c'est un littoral à mangrove qui reçoit de telles quantités d'alluvions des montagnes environnantes que le port s'ensable. Toutefois, c'est le cœur de l'activité économique et commerciale d'Haïti. Capitale de la colonie de Saint-Domingue en 1770 à la place du Cap-Français, puis de la nouvelle nation haïtienne en 1804, Port-au-Prince est également le centre de la vie politique et intellectuelle du pays.

Le centre historique se situe dans un quadrilatère délimité, avec un plan en damier et des maisons construites en matériaux légers de façon à prévenir les risques liés aux tremblements de terre.

De 9 400 habitants en 1789, la population de la ville est passée à 60 000 en 1927, puis à 136 000 en 1950 et à 2 millions en 2003. Elle s'est nourrie de l'exode rural des campagnes environnantes, qui s'est accéléré au xix^e siècle. La ville s'est trouvée submergée sous un flot de migrants, les nouveaux arrivants se tassant tant bien que mal dans les maisons à un ou deux étages de la vieille cité coloniale. Apparurent alors les premiers faubourgs de Carrefour, de Delmas, du Canapé-Vert, de Cité-Simone, aujourd'hui totalement intégrés au tissu urbain. La dégradation des conditions sanitaires liée à l'absence de planification de ces nouveaux quartiers les a transformés en bidonvilles où vit plus de la moitié de la population de l'agglomération.

Port-au-Prince constitue désormais une conurbation à quatre pôles avec Pétionville, la Croix-des-Bouquets et Carrefour. Il y a deux modalités d'extension : l'une en direction des collines de plus en plus éloignées, l'autre vers la plaine du Cul-de-Sac, où l'espace disponible est plus grand. Pétionville, autrefois ville bourgeoise, a perdu de son cachet avec la prolifération anarchique de constructions le long de la route qui relie cette commune à la capitale. Les bidonvilles prospèrent sur les flancs du Morne-Calvaire, à proximité des maisons les plus riches de la bourgeoisie mulâtre. La Croix-des-Bouquets, autrefois verdoyante localité au milieu des champs de canne à sucre, n'est plus qu'un faubourg crasseux que traverse la route allant de la frontière dominicaine à la capitale. Carrefour, élevé au rang de commune, est un goulot d'étranglement par lequel la capitale communique avec la presqu'île du sud. Partout, l'insalubrité s'ajoute à l'insécurité développée par la présence de nombreuses bandes armées, notamment les Chimères (milice à la solde de l'ancien président Jean-Bertrand Aristide).

— Jean Marie THÉODAT