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PORTO RICO

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Porto Rico [États-Unis] : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Porto Rico [États-Unis] : carte administrative

Territoire des États-Unis, bien que faisant partie de l'ensemble caraïbe, Porto Rico (3,94 millions d'habitants en 2007) doit à la géographie et à son histoire les traits d'une personnalité vigoureusement marquée. Située dans la zone tropicale, cette île très montagneuse présente une parenté accusée avec Cuba et avec la république Dominicaine sur le plan de la production agricole. Comme elles, Porto Rico a été fortement marquée par la présence espagnole, qui dura pratiquement du début du xvie siècle jusqu'à la guerre de 1898 ; la population y est aussi le résultat d'un métissage poussé entre les natifs, d'anciens esclaves noirs et les colons. Tout oppose donc cette île aux États-Unis continentaux. Pourtant, la présence américaine s'est imposée par ses capitaux, son organisation économique, la promotion récente du tourisme, sans oublier les considérations stratégiques.

Géographie

Une île montagneuse des Petites Antilles

Porto Rico présente des paysages essentiellement montagneux et vallonnés, dans le prolongement oriental d'une crête parsemée de plis et de failles qui s'étend de l'Amérique centrale aux Petites Antilles. Si le relief est relativement bas par rapport au continent américain, l'île se trouve à moins de 160 kilomètres au sud d'une profonde dépression de la croûte terrestre : située au nord-est de la république Dominicaine, la fosse de Porto Rico descend à 9 218 mètres et constitue le point le plus profond de l'Atlantique. Les forces tectoniques qui ont façonné ce relief au cours de millions d'années provoquent parfois encore des séismes à Porto Rico (en 2007, le tremblement de terre en Martinique y a été ressenti). La plus haute chaîne de l'île, la Cordillera central, s'étend d'est en ouest et dépasse souvent 1 000 mètres. Ses versants descendent en pente douce au nord mais les plus hauts sommets (Cerro de Punta, à 1 338 m) s'abaissent de manière abrupte au sud. Près de la pointe orientale de l'île, la sierra de Luquillo s'élève à 1 065 mètres au pic d'El Yunque.

Au nord-ouest, les piémonts et les plaines se caractérisent par des reliefs karstiques, tels des dolines, des cavités et des mogotes. D'étroites plaines longent le littoral nord et les côtes sud et ouest où se concentrent la majorité de la population. Le bassin de Caguas, le plus grand des bassins de montagne, situé dans la vallée du Grande de Loíza, au sud de San Juan, est densément peuplé et cultivé. Les trois petites îles rattachées à Porto Rico, Mona, Vieques et Culebra, sont vallonnées mais entourées d'étroites plaines côtières.

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Aucun cours d'eau n'est assez large pour la navigation, mais plusieurs sont aménagés pour approvisionner les villes, générer de l'électricité et permettre l'irrigation, indispensable à l'agriculture. Les précipitations tombent surtout sur le versant nord des montagnes. La plupart des rivières permanentes, telles que Grande de Loíza, Grande de Arecibo, Grande de Añasco et La Plata, s'écoulent de l'intérieur vers les côtes nord et ouest. Sur le littoral sud, les rivières sont à sec presque toute l'année, mais grâce à des poches alluvionnaires le sol est relativement fertile.

Porto Rico jouit d'un climat tropical aux faibles variations saisonnières, mais qui change avec l'altitude et l'exposition aux vents. Les précipitations annuelles (plus importantes entre mai et décembre) atteignent environ 1 525 millimètres par an à San Juan, alors qu'elles s'élèvent à 4 570 millimètres par an au pic d'El Yunque, plus à l'est, et descendent à 915 millimètres par an à Ponce, sur la côte sud. Les températures moyennes atteignent environ 26 0C dans les plaines, mais paraissent plus chaudes en raison du fort taux d'humidité. La saison des cyclones se situe entre juin et novembre et les ouragans peuvent être à l'origine de dégâts humains et matériels importants (près de 3 000 victimes en 1899, et cyclones dévastateurs mais moins meurtriers en 1928, 1932, 1956, 1989 et 1998).

Le nord de l'île est en partie couvert de forêts tropicales, tandis que les épineux et les broussailles prédominent dans le sud. La majeure partie de la végétation originelle a disparu avec l'exploitation agricole, notamment durant les deux premières décennies du xxe siècle. Certaines régions dans les montagnes ont été reboisées à partir des années 1950 et transformées en réserves forestières.

Une population nombreuse et urbaine

Au début du xvie siècle, les explorateurs espagnols fondent San Juan, qui devient un port de commerce prospère durant la période coloniale. Les autres villes, côtières pour la plupart, connaissent une croissance plus lente. De la cession de l'île au gouvernement américain en 1898 au milieu du xxe siècle, le peuplement de l'île se caractérise par l'installation de fermes rurales dispersées et de quelques grandes plantations de canne à sucre. Mais près des trois quarts de la population vivent désormais dans les villes. La population de la métropole de San Juan, qui atteignait près de 400 000 habitants en 1950, a quadruplé en 2000, pour atteindre 2,59 millions d'hab. en 2006.

Une zone urbaine quasi continue s'est développée de San Juan à Caguas sur un axe nord-sud et, le long de la côte nord, de Fajardo à Arecibo. Ponce (263 799 hab. en 2006), sur la côte sud, et Aguadilla (333 408 hab.), sur la côte ouest, sont les deux autres grandes villes de l'île.

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La population portoricaine, issue de plusieurs siècles d'immigration et d'assimilation culturelle, a de nombreuses origines ethniques. Les discriminations raciales ouvertes sont rares, mais les habitants d'ascendance espagnole ou, plus largement, européenne sont considérés comme appartenant à l'élite. Entre 20 000 et 50 000 indiens Taïnos vivent dans l'île à l'arrivée de Christophe Colomb en 1493. Mais les maladies importées par les Européens et les mauvais traitements déciment la plupart d'entre eux. Les Espagnols ne font venir qu'un nombre limité d'esclaves africains par rapport aux autres îles des Caraïbes, car les plantations locales sont relativement petites. Les colons épousent librement des femmes indigènes et africaines. Lorsque l'esclavage est aboli en 1873, 5 p. 100 seulement de la population est d'origine africaine. Des Chinois, des Italiens, des Corses, des Libanais, des Allemands, des Écossais et des Irlandais arrivent dans l'île au milieu du xixe siècle, et la croissance démographique est régulière. De nouveaux immigrants débarquent des États-Unis après 1898, et plus de 20 000 exilés cubains les rejoignent avec l'arrivée de Fidel Castro au pouvoir en 1959. Durant les décennies suivantes, un plus grand nombre d'immigrants à la recherche de travail arrivent de la république Dominicaine.

L'espagnol et l'anglais sont les deux langues officielles de Porto Rico, mais l'île reste majoritairement hispanophone. Près de deux tiers de la population est catholique, héritage des siècles de domination espagnole. Cependant, la loyauté de l'Église envers Madrid au long du xixe siècle avait érodé cette prédominance et, après 1898, de nombreux missionnaires protestants (pentecôtistes, presbytériens, méthodistes, Disciples of Christ et congrégationalistes) venant des États-Unis s'implantent dans l'île. Ils représentent désormais plus d'un quart de la population.

L'amélioration des conditions sanitaires avec la présence des États-Unis favorise la croissance démographique (21 p. 100 entre 1930 et 1940) et la baisse du taux de mortalité. Cette explosion démographique menace l'économie déjà fragile de Porto Rico en raison de ses ressources limitées et de son relief montagneux peu propice à l'agriculture. En 1947, la population portoricaine atteint 2,1 millions d'habitants. Le chômage chronique provoque un exode vers les États-Unis. Dans les années 1950, la planification familiale et l'émigration massive ralentissent fortement la croissance démographique, même si la surpopulation continue à peser sur l'économie. Au début du xxie siècle, la population est presque deux fois plus élevée qu'en 1947, mais la croissance démographique et le taux de mortalité ont diminué, tandis que l'espérance de vie et le niveau d'instruction ont augmenté, permettant ainsi aux Portoricains d'atteindre un niveau de vie proche de celui des Américains. Cette amélioration encourage le développement d'un flux migratoire inverse, des États-Unis vers Porto Rico, dont le rythme dépasse parfois celui de l'émigration.

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Le nombre de personnes nées à Porto Rico ou originaires de l'île résidant aux États-Unis est à peu près égal au nombre d'habitants de l'île. En 1940, seuls 70 000 Portoricains vivent aux États-Unis, concentrés à New York pour 90 p. 100 d'entre eux. En 1960, ils sont 887 000 (dont 615 000 nés à Porto Rico et 272 000 aux États-Unis) à s'être s'installés dans tout le pays, même si la plupart demeurent à New York. À la fin des années 1990, plus de 3 millions de Portoricains vivent aux États-Unis, dont environ 1,2 million nés dans l'île. Ils se concentrent surtout dans les États de New York, New Jersey, Massachusetts, Illinois, Floride et Californie.

Une économie fortement dépendante des États-Unis

L'économie, aujourd'hui fondée sur les services et l'industrie, était dominée par l'agriculture jusqu'au milieu du xxe siècle. À l'époque coloniale, l'île est délaissée du fait de ses faibles ressources minérales. Le port de San Juan, escale sur la route transocéanique, prospère néanmoins, et il est entouré d'importantes fortifications. Lorsque les États-Unis acquièrent Porto Rico en 1898, au terme de la guerre hispano-américaine, l'île est pauvre, la plupart des habitants travaillent dans de petites plantations de café et de canne à sucre. Les sociétés nord-américaines qui reprennent la culture sucrière augmentent la production et l'écoulent sur le marché américain.

Après la Seconde Guerre mondiale, les usines deviennent le moteur de l'économie, encouragées par un programme de développement économique et social financé par l'État. Lorsque le gouvernement échoue à multiplier les emplois dans les coopératives agricoles et les industries, il réoriente sa politique et améliore considérablement les infrastructures de transport. Les bas salaires, les avantages fiscaux et la prise en charge des investissements de départ par le gouvernement attirent des centaines d'industriels américains (et quelques Européens), qui s'implantent à Porto Rico. Les principaux secteurs concernés sont, d'abord, le textile, l'agroalimentaire, la chaussure, l'habillement, la céramique, le tabac et le bois, puis, à partir des années 1960, la pétrochimie et les technologies de pointe. À la fin du xxe siècle, les revenus provenant des administrations américaines installées sur l'île et de divers programmes d'aide sociale permettent d'accroître le niveau de vie des Portoricains grâce aux importants versements annuels effectués par Washington, y compris sous forme de bourses d'étude pour les plus démunis et de coupons alimentaires. Les transferts d'argent effectués par les émigrés constituent également une part importante des revenus des ménages.

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Dans les années 1990, le gouvernement portoricain privatise plusieurs entreprises nationales (opérateurs de télécommunication et de transport, hôpitaux). En 1996, le Congrès américain vote le retrait progressif d'une exemption fiscale majeure pour les industriels américains commerçant avec Porto Rico. Néanmoins, certaines usines continuent à bénéficier d'incitations fiscales et l'île attire toujours les investisseurs en raison de sa stabilité politique et de ses liens financiers avec les États-Unis.

Une classe moyenne existe, et si le revenu médian des ménages est nettement inférieur à celui des Américains, la grande majorité des Portoricains a un mode de vie plus correct que les autres Caribéens. Le chômage touche environ un huitième de la population active, bien que la situation se soit améliorée depuis le début des années 1980, où près d'un Portoricain sur quatre était alors sans emploi.

En dehors de ses plages pittoresques et de son climat tropical, Porto Rico possède peu de ressources naturelles. Seuls l'argile, le sable siliceux et la pierre sont présents en quantité suffisante pour être exploités. Les importantes réserves de cuivre et les quelques gisements aurifères dans les montagnes au sud d'Utuado et de Lares ne sont pas exploités, en partie pour des raisons écologiques.

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L'agriculture, la sylviculture et la pêche ne représentent qu'une petite part du P.I.B. et des emplois. La production de canne à sucre, qui bénéficie d'une main-d'œuvre bon marché et saisonnière, est relativement faible, et Porto Rico importe une grande partie de la mélasse nécessaire à ses nombreuses rhumeries. Le café, le tabac et le lait demeurent des produits agricoles traditionnels, mais la plupart des fermes se tournent désormais vers des produits spécialisés destinés aux marchés locaux et étrangers, tels que les fruits tropicaux (ananas, mangue, melon), le bœuf, le porc, la volaille et les œufs. L'industrie du thon a longtemps fait partie d'une vaste chaîne internationale, les prises provenant de pêcheries lointaines étant transformées à Porto Rico avant d'être exportées ; mais, au début du xxie siècle, la plupart des conserveries délocalisent leur activité dans des pays où la main-d'œuvre est encore moins chère. Les eaux côtières de Porto Rico sont réputées pour la pêche sportive mais ne peuvent supporter une exploitation commerciale.

L'industrie contribue pour environ deux cinquièmes du P.I.B. et occupe un septième de la population active. Les biens fabriqués ou assemblés à Porto Rico utilisent surtout des composants industriels importés. Les entreprises américaines dominent le secteur et fabriquent des produits pharmaceutiques, électroniques et chimiques ainsi que des équipements médicaux. Les secteurs de l'habillement, de l'agroalimentaire et des boissons non alcoolisées sont également développés. Depuis la fin du xxe siècle, la concurrence internationale ralentit la croissance du secteur industriel car le salaire horaire moyen est, par exemple, six fois plus élevé qu'au Mexique.

Les services, le commerce, les finances, le tourisme et l'administration sont désormais le moteur de l'économie. Ils représentent environ 50 p. 100 du P.I.B. et emploient les trois quarts de la population active. Porto Rico utilise la devise américaine et la Réserve fédérale régule ses réserves monétaires et son taux de change. Le commerce est facilité par l'intégration de l'île dans le système de la douane américaine, et les États-Unis sont le premier partenaire commercial de Porto Rico, loin devant le Japon, la république Dominicaine et l'Europe. Le pays exporte surtout des produits chimiques, des denrées et des machines, et importe principalement du matériel électrique, des produits alimentaires et des équipements de transport.

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Porto Rico est une destination de vacances prisée car elle jouit d'un climat agréable toute l'année. Elle est, en outre, desservie par liaison aérienne et maritime et sa côte est parsemée d'hôtels, de pensions de famille et d'immeubles d'habitation. Dans les années 1990, la construction d'infrastructures hôtelières a explosé, le gouvernement ayant proposé des incitations fiscales et des aides au financement. Chaque année, entre un et deux millions de visiteurs séjournent dans les hôtels et pensions, tandis que de nombreux passagers de bateaux de croisière font escale sur l'île. La plupart des visiteurs arrivant à l'aéroport de San Juan partent vers d'autres îles pour des croisières grâce au port en eau profonde de la ville, l'un des mieux abrités des Caraïbes. La capitale possède également un port commercial destiné au transport transatlantique et régional.

— KAL WAGENHEIM

— O. J. WAGENHEIM

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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Écrit par

  • : agrégée d'espagnol, professeure de classes préparatoires au lycée Lakanal
  • : agrégé de l'Université, directeur adjoint du département d'études des pays anglophones de l'université de Paris-VIII, collaborateur du Monde diplomatique
  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
  • : professeur d'histoire, université de Porto Rico, ancien secrétaire général de l'Association des universités et instituts de recherche de la région des Caraïbes
  • : professeur à l'université de Porto Rico, doyen de la faculté de sciences sociales
  • : journaliste
  • : professeur d'histoire, Rutgers University, États-Unis
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Médias

Porto Rico [États-Unis] : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Porto Rico [États-Unis] : carte administrative

Château San Felipe del Morro, Porto Rico - crédits : Bill Wassman/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Château San Felipe del Morro, Porto Rico

Autres références

  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par , , , , , , et
    • 24 173 mots
    • 23 médias
    ...constituée de matériel volcanique et volcano-sédimentaire d'arc insulaire (zone de Zaza à Cuba, formations Tireo et Los Ranchos à Hispaniola, l'essentiel de l'île de Porto Rico – nappe de Bermeja –, etc.), d'âge néocomien à sénonien (de 125 à 80 Ma), également mise en place au Campanien (80 Ma).
  • CARAÏBES - L'aire des Caraïbes

    • Écrit par
    • 5 012 mots
    • 8 médias
    Dansle cas de Porto Rico, Washington conserve la souveraineté sur le pays et octroie la citoyenneté américaine à la population en 1917. Il ne s'agit cependant pas d'un État fédéré mais d'une simple possession : l'île devient, par la Constitution de 1952, un État autonome associé. De même, les États-Unis...
  • CARAÏBES - Littératures

    • Écrit par , , et
    • 15 582 mots
    • 4 médias
    ...constituent l'apport essentiel de la littérature missionnaire. Néanmoins, durant l'époque coloniale, la littérature fut loin d'avoir, à Saint-Domingue, Cuba et Porto Rico, l'éclat dont elle brilla au Mexique et au Pérou. Il faut attendre le xixe siècle et le romantisme pour que la littérature caraïbe...
  • MUÑOZ MARÍN LUIS (1898-1980)

    • Écrit par
    • 256 mots

    Après une formation aux États-Unis, où son père est « commissaire résident » de 1910 à 1916, Muñoz Marín étudie le droit, écrit deux livres, puis, en 1926, regagne Porto Rico, où il dirige le journal La Democracia. Élu au Sénat portoricain en 1932, Muñoz Marín aligne sa conduite sur...

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Voir aussi