PORTUGAL
Nom officiel | République portugaise (PT) |
Chef de l'État | Marcelo Rebelo de Sousa (depuis le 9 mars 2016) |
Chef du gouvernement | Luís Montenegro (depuis le 2 avril 2024) |
Capitale | Lisbonne |
Langue officielle | Portugais |
Unité monétaire | Euro (EUR) |
Population (estim.) |
10 578 000 (2024) |
Superficie |
92 225 km²
|
Art
L'art roman et l'art gothique
La rencontre de deux courants de civilisation dans la péninsule Ibérique, celui des Wisigoths arrivés au ve siècle et celui des Arabes dont l'invasion date du commencement du viiie siècle, a produit une civilisation originale, moçarabe, dont l'architecture religieuse du futur territoire portugais porte témoignage, particulièrement à l' église de Lourosa, près de Lamego, dans le nord du pays, datée de 912. Il faut y chercher une des sources autochtones du style roman bientôt implanté dans cette région du Portugal sous l'influence d'un courant français transmis par les moines de Cluny qui, jalonnant la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, dominaient alors le nord-ouest de la Péninsule. Le premier grand monument portugais, la cathédrale de Braga (fondée par saint Gérald, évêque français, au commencement du xiie siècle), reprend le schéma compostellien, l'adaptant aux fonctions d'une église métropolitaine. La cathédrale de Porto (fondée par l'évêque Hughes, Français lui aussi), celles de Coimbra et de Lisbonne obéissent à la même typologie générale ; mais il faut remarquer que les monuments de Braga et de Coimbra sont à l'origine de deux courants régionaux que les matériaux mêmes du pays aident à caractériser : le granit dur et grossier propre à une architecture rurale au décor fruste, le calcaire servant une inspiration plus urbaine à laquelle il offrait une plasticité raffinée. C'est dans la première zone, terre romane par excellence, que l'on trouve les meilleurs exemples d'un art rude qui a imprimé à une syntaxe et à un vocabulaire importés des valeurs sémantiques originales, où pointent des qualités populaires ; on arrivera à y voir un style national qui, passant par le rare exemple de la Domus municipalis de Bragance, déterminera certaines structures du réveil nationaliste de la fin du xixe siècle.
Dernier grand monument de l'époque, la cathédrale d' Évora (1195), dans le sud du pays où les chantiers se sont ouverts plus tard, marque déjà la transition vers le gothique, tout comme le monastère d' Alcobaça (1172 ; église, 1252 ; cloître 1308), inspiré de Clairvaux, qui couronne la grande activité architecturale des Cisterciens au Portugal. Si, dans ce pays, « l'époque romane est l'époque des cathédrales, la période gothique est celle des grandes abbayes » (M. T. Chicò). Les ordres mendiants, les Franciscains surtout, ont beaucoup construit dans le centre et le sud du pays, où le style roman n'avait pas pris racine. De Saint-François de Santarém (xiiie s.) à Saint-François d'Évora (xve s.), l'évolution du gothique portugais, dépendant à la fois de l'art du nord de l'Europe et de celui de la Méditerranée, peut être ponctuée par des monuments où un goût national a du mal à se réaliser ; avec l'église des Augustins de Sainte-Marie-de-la-Grâce, à Santarém (fondée en 1380), on voit dans le souple traitement de l'espace intérieur se définir, bien que modestement, une conception particulière du gothique. Sept ans plus tard, le roi Jean Ier fait bâtir le plus célèbre monument portugais de l'époque, le couvent dominicain de Sainte-Marie-de-la-Victoire à Batalha, en commémoration de la victoire sur les Castillans qui, cette année même, avait sauvé l'indépendance du pays. Batalha, l'un des plus importants ensembles gothiques de l'Occident, projeté par Afonso Domingues (1387-1402) et continué par le Français Huguet ou Ouguet (1402-1438), influença tout un cycle de constructions, dont celle du carmel de Lisbonne (1393-1423), lié aussi au grand élan national de l'indépendance assurée, dans un royaume dont les structures sociales changeaient. Et c'est également dans les chantiers de Batalha que paraissent vers le commencement[...]
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Écrit par
- Roger BISMUT : agrégé de lettres, docteur ès lettres, professeur de langue et littérature portugaises et brésiliennes à l'Université catholique de Louvain (Belgique)
- Cristina CLIMACO : docteure en histoire, maître de conférences au laboratoire d'études romanes de l'université de Paris-VIII
- Michel DRAIN : agrégé de géographie, docteur d'État, directeur de recherche émérite au C.N.R.S.
- José-Augusto FRANÇA : professeur à l'université nouvelle de Lisbonne
- Michel LABAN : professeur de portugais à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
- Jorge MORAÏS-BARBOSA : professeur à la faculté des lettres de l'université de Lourenço Marques
- Eduardo PRADO COELHO : professeur à l'université nouvelle de Lisbonne
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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