POSSIBILISME
Au sein de ce qui allait s'appeler le Parti ouvrier français, fondé en 1879, s'est formée une tendance opposée à l'orientation marxiste prônée par Jules Guesde et Paul Lafargue. Conduits par Paul Brousse, Jean Allemane et Jules Joffrin, ses membres décident de se séparer des guesdistes lors du congrès de Saint-Étienne (1882) et créent la Fédération des travailleurs socialistes de France. Ils affirment la nécessité de « fractionner le but idéal en plusieurs étapes sérieuses, [d']immédiatiser en quelque sorte quelques-unes de [leurs] revendications pour les rendre enfin possibles » (P. Brousse, 1881), d'où le nom de « possibilistes » qui leur fut donné. Leur programme fait une place importante à la conquête des institutions, particulièrement des municipalités ; Brousse généralise cette stratégie en l'étendant aux monopoles économiques, transformés en services publics (La Propriété collective et les services publics, Paris, 1883). Les possibilistes envisagent sur le plan tactique des alliances temporaires avec les républicains radicaux. Ils sont par ailleurs très attentifs aux questions syndicales.
Après la scission de 1882, ils représentent le courant socialiste dominant à Paris, où ils tiennent la Bourse du travail, et dans les Ardennes. Ailleurs, leur implantation est très inégale. Mais en 1890, la Fédération voit son audience décliner, et la question de l'alliance avec les radicaux, réalisée dans la lutte contre le boulangisme, fait apparaître de graves divergences. Entre ceux qui, tel Brousse, privilégient le but immédiat (et sont donc pour la poursuite de la collaboration avec les radicaux), et ceux qui, comme Allemane, mettent l'accent sur le but final, le fossé s'est peu à peu creusé. Après le congrès de Châtellerault de 1891, la tendance Allemane forme le Parti socialiste ouvrier révolutionnaire, qui s'affirme antiparlementaire, fédéraliste et révolutionnaire, mais dont le développement sera limité par l'apparition de l'anarcho-syndicalisme. Dans l'histoire du mouvement socialiste français, le possibilisme apparaît comme une variante de l'option transformiste ou évolutionniste, que l'on retrouvera au sein de la S.F.I.O.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Paul CLAUDEL : maître en histoire et géographie
Classification
Autres références
-
SFIO (Section française de l'Internationale ouvrière)
- Écrit par François BROUSSE et Encyclopædia Universalis
- 1 522 mots
Après la défaite de la Commune, le mouvement ouvrier français est réduit au silence pendant plusieurs années, puis, à partir de 1876, se tiennent des congrès ouvriers regroupant des délégués de syndicats et de coopératives, auxquels se joignent bientôt des représentants des groupes d'études...
-
TROISIÈME RÉPUBLIQUE
- Écrit par Louis GIRARD
- 14 493 mots
- 33 médias
...débordant les radicaux, conquérant les municipalités des villes ouvrières. Les guesdistes conservent leur intégrité tout en entrant dans le jeu électoral. Les possibilistes, par contre, ne sont guère que des radicaux-socialistes ; des radicaux, tel l'avocat Alexandre Millerand, passent au socialisme. Et...